Nous serons plus de 9 milliards sur Terre d’ici 2050. L’augmentation de la demande alimentaire liée à la croissance de la population a des impacts négatifs majeurs sur l’environnement. Ainsi, l’agriculture à elle seule est responsable de 30 % des émissions de gaz à effet de serre. D’un autre côté, certains aliments et nutriments sont aujourd’hui largement documentés pour leurs bénéfices pour la santé.
En d’autres termes, il s’agit donc de « manger mieux » tout en réduisant notre impact environnemental, de passer à une production alimentaire plus durable et de changer nos habitudes alimentaires, pour une santé publique mondiale plus durable.
Mais qu’est-ce qu’un régime alimentaire durable ? L’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) définit les régimes alimentaires durables comme ayant un faible impact sur l’environnement, tout en respectant les directives nutritionnelles actuelles, tout en restant abordables, accessibles et culturellement acceptables. De tels régimes constituent-ils un vœu pieu ou un objectif réalisable ?
La science de la nutrition est complexe,
par la multiplicité des nutriments et aliments, mais aussi la difficulté d’évaluer les effets synergiques de leurs combinaisons sans limite dans nos régimes alimentaires. Enfin, il faudrait également pouvoir prendre en compte l’influence démontrée des rythmes de notre alimentation (chrononutrition).
- Il est largement démontré que l’adhésion à certains principes nutritionnels offre un bénéfice bien quantifié, en termes de réduction du risque de mortalité prématurée notamment mais aussi de risque de maladie chronique. Des aliments en particulier reviennent dans les régimes largement conseillés pour la santé, dont les grains entiers, les fruits, les légumes, les noix et les légumineuses. Les fruits et légumes riches en divers anti-oxydants jouent même un rôle de prévention actif. On confère à d’autres nutriments jusqu’à un effet thérapeutique. L’alimentation est sans aucun doute possible le moyen le plus naturel de maintenir une santé durable. Y compris pour notre « progéniture » : De nombreuses études ont par ailleurs démontré l’impact « épigénétique » de l’alimentation, une sorte de signature « alimentaire » qui se transmet aux enfants.
Alors quels sont les grands principes d’une telle alimentation saine et durable ?
Ce n’est que récemment que le European Food Information Council (EUFIC) a publié ses directives pratiques visant l’adhésion à une alimentation à la fois saine et durable. Chacun de nous peut en effet contribuer à l’impact du système alimentaire à la santé de la planète, tout en favorisant sa propre santé et celle de ses proches. L’organisation rappelle, preuves scientifiques à l’appui que des changements parfois modestes peuvent ainsi avoir des implications décisives pour notre santé mais aussi celle des générations futures.
Des aliments frais variés, des protéines végétales : les fruits et légumes, démontrés comme bénéfiques à la santé « reviennent » en force dans ces directives, d’autant qu’ils ont un faible impact environnemental. Le choix d’aliments locaux suit les règles de toute économie durable, moins de transport, moins de stockage et plus de fraicheur. Manger à sa faim, « sans plus » en évitant le grignotage permet des économies de production, améliore la sécurité alimentaire et évite la prise de poids excédentaire. Donner la priorité aux protéines végétales plutôt qu’animales permet de réduire notre empreinte écologique tout en favorisant les fibres et en limitant les niveaux de cholestérol, entre autres avantages pour la santé. Les grains entiers sont à la fois moins transformés et bons pour la santé. Le poisson, sauvage, est une excellente source naturelle d’oméga-3 sains, des acides gras qui contribuent à la vision, la fonction cérébrale et la santé cardiaque. Enfin, alors que le lait et la production laitière ont un impact environnemental non négligeable, que les produits laitiers sont néanmoins une source importante de protéines, de calcium et d’acides aminés essentiels, il convient d’en consommer régulièrement, non sucrés et avec modération. Il reste à éviter les conditionnements polluants et à boire de l’eau du robinet plutôt que d’en acheter en bouteille.
La santé et la durabilité ne s’opposent pas mais se rejoignent dans l’adhésion aux facteurs de mode de vie qui préviennent le risque de maladie et de décès. Par le choix d’un régime alimentaire chaque personne détermine sa propre santé, celle de sa descendance, et apporte sa contribution à la survie planétaire.
Conseiller aux patients une alimentation saine et durable fait aussi partie des missions des professionnels de santé.
Quelques sources :
- Annual Reviews of Environment and Resources 2012 DOI : 10.1146/annurev-environ-020411-130608 Climate Change and Food Systems
- Science 2010 DOI: 10.1126/science.118538 Food security: the challenge of feeding 9 billion people
- FAO 2012 Revision World agriculture towards 2030/2050: the 2012 revision
- PLoS One 2016 DOI : 10.1371/journal.pone.0165797 The Impacts of Dietary Change on Greenhouse Gas Emissions, Land Use, Water Use, and Health: A Systematic Review
- JAMA Internal Medicine 9 Jan, 2023 DOI : 10.1001/jamainternmed.2022.6117 Healthy Eating Patterns and Risk of Total and Cause-Specific Mortality
- Harvard T.H. Chan The Nutrition Source : the antioxydants
- Indian Journal of Community Medicine 2022 DOI : 10.4103/ijcm.ijcm_954_21 A study to assess the impact of medical nutrition therapy compared to standard nutrition therapy in children with severe thinness in the age group of 5 to 10 years
- EUFIC 9 practical tips for a healthy and sustainable diet
- Nature Communications January 2019 Intergenerational inheritance of high fat diet-induced cardiac lipotoxicity in Drosophila
- Journal of the American Heart Association (In Press) via Eurekalert (AAAS) 20-Dec-2017 New study suggests health benefits of swapping animal proteins for plant proteins
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