Une récente étude rappelait la solitude comme un facteur majeur de démence et de mauvaise santé et pourtant un facteur « qui reste sous le radar de nos systèmes de santé ». En pratique en effet, peu de professionnels de santé interrogent leurs patients sur ce facteur de mode de vie. Cette nouvelle étude menée par une équipe de l’Université de Glasgow, revient sur l’importance de ce facteur, ici sur la mortalité prématurée. L’étude, publiée dans la revue BMC Medicine, conclut à nouveau que l’absence de contact avec les amis ou les proches est associé à un risque accru de décès.
Si de précédentes recherches ont identifié des associations entre le « sentiment de solitude » et le fait de vivre seul et les niveaux de risque de différentes maladies chroniques, physiques ou mentales, les impacts combinés des différents types d’interactions sociales sur la mortalité restent flous et ce facteur social reste très négligé dans les suivis de santé.
Pourtant, ne jamais avoir d’interactions sociales avec des amis ou des proches est ici résolument associé à un risque de décès. Les auteurs appellent à surveiller ce facteur et à identifier ses facteurs sociaux chez les patients présentant déjà un risque plus élevé de décès, en raison de comorbidités.
5 types d’interaction sociale passées au crible, toutes essentielles pour la santé
L’étude analyse les données de 458.146 participants de la biobank britannique et se concentre sur l’association entre la mortalité et 5 types d’interactions sociales. Les participants recrutés entre 2006 et 2010 et âgés en moyenne de 56 ans, ont renseigné par questionnaire ces 5 types d’interactions sociales :
- se confier à un proche (mesure objective) ;
- se sentir seul (mesure subjective) ;
- recevoir la visite d’amis et de membres de leur famille (mesure objective) ;
- participer à une activité de groupe hebdomadaire (mesure objective) ;
- vivre seul (mesure objective).
Après un suivi de 13 ans, 33.135 des participants étaient décédés. L’analyse révèle que :
ces 5 types d’interaction sociale sont indépendamment associés à la mortalité, quelle qu’en soit la cause ;
- dans l’ensemble, l’augmentation de la mortalité est plus fortement associée aux mesures objectives de l’interaction sociale ;
- l’association la plus forte est avec le fait de ne jamais recevoir la visite d’amis ou de membres de la famille : ce facteur est associé à un risque de décès accru de 39 % :
- le bénéfice de la participation à des activités de groupe hebdomadaires n’est d’ailleurs pas observé chez ces participants qui ne reçoivent jamais de visite d’amis ou de famille ;
- rejoindre tardivement des activités de groupe n’y change rien ;
- cependant, recevoir plus tardivement des visites d’amis ou de la famille au moins 1 fois par mois permet de réduire légèrement le risque de mortalité, ce qui suggère un effet protecteur de toute interaction sociale.
Il n’est donc jamais trop tard pour se préoccuper d’un proche et lui rendre une petite visite.
Les chercheurs souhaitent poursuivre leurs recherches sur les effets d’autres types d’interactions sociales sur la mortalité, et préciser l’ampleur des changements nécessaires pour inverser ce facteur de risque chez les personnes socialement isolées, et souvent âgées.
Source: BMC Medicine 10 Nov, 2023 DOI: 10.1186/s12916-023-03055-7 Social connection and mortality in UK Biobank: a prospective cohort analysis
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