Cette équipe de chirurgiens et de rhumatologues de l’Université Emory s’est posé la question de l’efficacité respective des injections de corticoïdes et de la thérapie par cellules souches pour traiter la douleur associée à l’arthrose du genou. Les conclusions, publiées dans la revue Nature Medicine, restent mitigées.
Caractérisée par des dommages importants aux articulations et des douleurs handicapantes au quotidien, jusqu’à réduire la mobilité, l’arthrose touche des millions de personnes dans le monde et représente un fardeau clinique et économique considérable. En dépit des progrès en matière de diagnostic, de médicaments et de solutions de gestion de la douleur, le besoin subsiste d’un médicament ou d’un traitement curatif de la maladie. Ces dernières années, l’utilisation de la thérapie par cellules souches s’est imposée comme une alternative prometteuse à la chirurgie. Cette nouvelle option qui consiste à exploiter la capacité des cellules du patient à réparer les tissus endommagés manque d’une validation par des données robustes issues d’essais contrôlés randomisés bien conçus.
Les thérapies cellulaires plus efficaces que les corticoïdes ?
L’étude, menée par les chercheurs d’Atlanta, avec des collègues d’autres instituts américains, explore donc le potentiel des cellules souches mésenchymateuses pour le traitement de l’arthrose du genou. Cet essai clinique randomisé, le premier du genre a précisément cherché à identifier la source la plus efficace d’injections cellulaires pour l’arthrose du genou et a comparé 3 types de préparations cellulaires :
- le prélèvement autologue de moelle osseuse (BMAC : autologous bone marrow aspirate concentrate),
- la fraction vasculaire stromale autologue (SVF : autologous stromal vascular fraction),
- les cellules souches mésenchymateuses dérivées du tissu du cordon ombilical humain allogénique (UC-MSC : allogenic human umbilical cord tissue MSCs),
- vs les injections de corticoïdes.
Les principaux critères comprenaient le niveau de douleur, tel que mesuré avec l’échelle visuelle analogique (EVA) et le score de résultat des blessures au genou et de l’arthrose (KOOS) pour la douleur, suivis jusqu’à un an. L’objectif global était de savoir si les thérapies cellulaires surpassaient les corticostéroïdes dans le traitement de l’arthrose du genou à 1 an. L’analyse révèle que :
- chaque groupe d’intervention bénéficie d’une amélioration mesurable de la douleur et de la fonction ;
aucun avantage significatif n’est observé avec l’utilisation des préparations cellulaires
testées vs injection de corticostéroïdes durant le suivi de 12 mois et pour les niveaux de douleur ;
- le score de douleur KOOS ne produit pas de différences de variation significatives entre les groupes à 12 mois vs inclusion ;
- aucun événement indésirable grave ni aucune infection symptomatique du genou n’ont été recensés dans aucun des groupes de traitement à aucun moment du suivi.
« En d’autres termes, cette étude n’identifie aucune supériorité des thérapies cellulaires sur les corticostéroïdes pour réduire l’intensité de la douleur de l’arthrose », conclut l’auteur principal, le Dr Scott D. Boden, directeur de l’Emory Orthopaedics and Spine Center.
Ainsi, bien que la capacité régénératrice des cellules souches suscite beaucoup d’enthousiasme à la fois chez les cliniciens et les scientifiques, cet essai remet en question leur efficacité comparative et finalement souligne l’importance d’une approche personnalisée pour chaque patient.
L’équipe va poursuivre ses recherches, avec une analyse plus approfondie utilisant l’IRM afin de tenter de répondre au besoin et d’optimiser les protocoles de soins.
Source: Nature Medicine 2 Nov, 2023 DOI : 10.1038/s41591-023-02632-w Cell-based versus corticosteroid injections for knee pain in osteoarthritis: a randomized phase 3 trial
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