Des milliers de tentatives de fertilité dans l’espoir d’améliorer la FIV, c’est ce que viennent de pratiquer ces chercheurs de l’Université Johns Hopkins, pour mieux comprendre ses facteurs de succès et mieux « soutenir » les embryons au fur et à mesure de leur développement. Cette analyse, la plus détaillée jamais menée, du sort des embryons après une fécondation humaine in vitro (FIV), proposée dans la revue Genome Medicine, ouvre, avec des changements dans le processus du traitement de fertilité, l’espoir que davantage de bébés FIV arrive à terme.
Car au cours de la recherche, près de la moitié des embryons ont subi un arrêt de développement en raison d’accidents génétiques au cours de ce processus. L’analyse de ces données d’embryons arrêtés dans leur développement, apporte un éclairage inédit sur les premiers stades encore largement mystérieux de la grossesse.
Car ces observations pourraient également s’appliquer en cas de conception naturelle. L’auteur principal, Rajiv McCoy, professeur de biologie à la Johns Hopkins commente ainsi la recherche : « nous pensons que cela se produit également lors de la conception naturelle, et c’est d’ailleurs pourquoi il faut en moyenne plusieurs mois, voire plus, pour tomber enceinte. Il est très surprenant que la plupart de ces arrêts d’embryons ne proviennent pas d’erreurs dans la formation des œufs, mais d’erreurs se produisant dans la division cellulaire après la fécondation. Le fait que ces erreurs ne proviennent pas de l’ovule suggère qu’elles pourraient peut-être être atténuées en modifiant la manière dont la FIV est pratiquée ».
Atténuer les erreurs de division cellulaire
Les chercheurs de la Johns Hopkins avec leurs collègues de la London Women’s Clinic (UK) ont comparé des embryons de FIV non développés quelques jours après la fécondation avec des embryons ayant survécu. Les tests génétiques ne sont généralement effectués que sur les embryons de FIV qui survivent afin de décider quel embryon transférer dans l’utérus, mais l’équipe voulait justement comprendre ce qui permet aux embryons de survivre et ce qui arrête dans leur développement les autres embryons. L’analyse révèle :
- comment certains embryons commencent à se développer correctement alors que le matériel génétique maternel est préchargé dans la division cellulaire de contrôle de l’œuf, pour ensuite faiblir et stagner lorsque les gènes de l’embryon prennent le relais ;
- les cellules humaines reçoivent généralement 46 chromosomes, 23 de chaque parent. Mais les embryons non viables, s’ils commencent bien avec cet ensemble de 46 chromosomes, ils transmettent ensuite un nombre incorrect de chromosomes au cours de la division cellulaire ;
« C’est lorsque le génome de l’embryon s’active, que les choses tournent mal »,
écrivent les chercheurs.
Les embryons humains connaissent des taux inhabituellement élevés de gain et de perte de chromosomes, appelés aneuploïdie, au début de leur développement. Les scientifiques étudient l’aneuploïdie depuis des décennies en examinant les embryons issus de FIV, et il est bien connu que ces accidents sont la cause des fausses couches. L’aneuploïdie a des implications importantes pour la FIV et améliorer les tests génétiques permettrait d’améliorer les résultats de la FIV.
Des tests complémentaires sont en cours sur des cellules spécifiques provenant d’embryons non viables pour retracer l’origine des chromosomes et voir si les divisions cellulaires anormales sont liées à la génétique maternelle ou paternelle. Des facteurs tels que la composition chimique de l’environnement de culture des embryons, pourraient également être en cause.
Source: Genome Medicine 29 Sept, 2023 DOI: 10.1186/s13073-023-01231-1 Meiotic and mitotic aneuploidies drive arrest of in vitro fertilized human preimplantation embryos
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