Cet essai clinique international révèle que le sémaglutide réduit, aussi, et de 20 %, les événements cardiovasculaires chez les adultes en surpoids ou obèses, non diabétiques. Un bénéfice supplémentaire de cet analogue du glucagon-like peptide–1 (GLP–1), un antidiabétique prescrit aux adultes atteints de diabète de type 2, également approuvé aux É tats-Unis (et non en France) pour la gestion du surpoids. Ces données de l’essai SELECT présentées lors de la Réunion scientifique 2023 de l’American Heart Association (AHA) et publiées dans le New England Journal of Medicine (NEJM) désignent ainsi une nouvelle voie, celle du traitement de l’obésité pour réduire les complications cardiovasculaires.
Le sémaglutide, un agoniste des récepteurs du GLP-1, qui permet une réduction des taux de glucose -et réduit l’appétit-, exerce en effet d’autres actions susceptibles de réduire le risque cardiovasculaire, comme une diminution de la tension artérielle et des taux de cholestérol, une réduction de l’inflammation et une action bénéfique sur le muscle cardiaque et les vaisseaux sanguins.
Selon les estimations, plus de la moitié de la population mondiale souffrira de surpoids ou d’obésité d’ici 2035. On estime qu’un indice de masse corporelle (IMC) trop élevé est responsable d’au moins 4 millions de décès dans le monde chaque année, dont plus des 2 tiers de causes cardiovasculaires.
Le surpoids et l’obésité sont des facteurs de risque connus d’événement cardiovasculaire : la réduction des maladies cardiovasculaires passe généralement par le traitement de l’hypercholestérolémie, de l’hypertension artérielle (HTA) et du diabète, l’idée de réduire le risque cardiovasculaire en traitant directement l’obésité souffrant d’un manque de preuves d’efficacité.
Or, le sémaglutide est principalement prescrit aux adultes atteints de diabète de type 2, mais est également approuvé aux États-Unis pour la gestion chronique du poids chez les adultes obèses ou en surpoids et ayant au moins un autre problème de santé.
« Il existe un manque de preuves que le mode de vie ou les interventions pharmacologiques contre le surpoids ou l’obésité puissent améliorer les résultats cardiovasculaires », rappelle ainsi l’auteur principal, le Dr Michael Lincoff, chercheur en médecine cardiovasculaire à la Cleveland Clinic : « Il s’agit de
la première intervention pharmacologique contre l’obésité dont il est démontré qu’elle réduit aussi le risque d’événements cardiovasculaires ».
En prévention cardiovasculaire aussi
Les chercheurs de l’Université de Cleveland montrent que le sémaglutide permet ainsi de réduire de 20 % les événements cardiovasculaires chez les adultes en surpoids ou obèses, exempts de diabète -son indication principale, mais atteints d’une maladie cardiovasculaire établie.
L’étude, un essai clinique est mené auprès de 17.000 patients de 41 pays souffrant de maladie cardiovasculaire préexistante et ayant déjà subi une crise cardiaque, un accident vasculaire cérébral (AVC) et/ou une maladie artérielle périphérique suivis pendant une moyenne de 40 mois après avoir été répartis pour recevoir des injections une fois par semaine de 2,4 mg de sémaglutide ou un placebo. En plus de prendre du sémaglutide ou un placebo pour l’essai, tous les participants recevaient également un traitement standard pour les maladies cardiovasculaires, comme des médicaments modifiant le taux de cholestérol, des antiplaquettaires, des bêtabloquants ou d’autres traitements. L’analyse révèle que :
- le décès de cause cardiovasculaire, l’infarctus du myocarde non mortel (crise cardiaque) ou l’AVC non mortel sont survenus au cours du suivi chez 6,5 % des patients traités par le sémaglutide vs 8 % des témoins « sous » placebo ;
- cela correspond à une réduction de 20 % du risque cardiovasculaire, avec le sémaglutide ;
- les réductions de risque apparaissent similaires chez les hommes et les femmes et selon les différentes ethnies, âges des patients et niveaux de poids corporel de base.
- les patients traités par sémaglutide ont non seulement perdu en moyenne 9,4 % de leur poids corporel mais ont pu constater une amélioration d’autres facteurs de risque de maladies cardiovasculaires ;
- précisément, chez les patients avec maladie cardiovasculaire préexistante et un surpoids ou une obésité mais sans diabète, les injections hebdomadaires de sémaglutide se révèlent supérieures au placebo pour réduire le risque de décès d’origine cardiovasculaire, de crise cardiaque non mortelle ou d’accident vasculaire cérébral (AVC) non mortel ;
- aucun effet indésirable sévère ou aucun problème de sécurité n’a été relevé dans le groupe « sémaglutide » ;
- un plus grand nombre de participants ont néanmoins arrêté le sémaglutide (16,6 %) vs placebo (8,2 %), principalement en raison de symptômes gastro-intestinaux, notamment des nausées et de la diarrhée ;
- des effets indésirables légers similaires ont déjà été rapportés dans d’autres études avec des agents GLP-1.
« Il est de plus en plus reconnu que l’obésité et le surpoids sont en réalité des maladies métaboliques, et pourtant, les thérapies efficaces sont assez limitées. Cette étude sur le sémaglutide démontre l’efficacité d’une nouvelle voie pour réduire le risque cardiovasculaire associé à l’obésité ».
P.S. L’essai a été soutenu par Novo Nordisk.
Source: American Heart Association’s (AHA) Scientific Sessions 2023 11 Nov, 2023 International clinical trial finds that semaglutide reduced cardiovascular events by 20% in adults with overweight or obesity who don’t have diabetes et New England Journal of Medicine (NEJM) 11 Nov, 2023 DOI: 10.1056/NEJMoa2307563 Semaglutide and Cardiovascular Outcomes in Obesity without Diabetes
Plus sur le Sémaglutide
Laisser un commentaire