Cette étude menée par une équipe de neurologues et de psychiatres de l’Ohio State University révèle, à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) des changements dans la connectivité cérébrale associés à une réflexion excessive chez les adolescents. Ces premières données, sur une condition dont la prévalence semble s’accroître, à paraître dans la revue Biological Psychiatry Global Open Science, suggèrent aussi que certains types de thérapie cognitivo-comportementale pourrait venir à bout de cette réflexion en boucle et excessive.
L’auteur principal, le Dr Scott A. Langenecker, professeur au Département de psychiatrie et de santé comportementale du Wenxer Medical Center de l’Ohio State University, ajoute : « Nous savons que le développement des adolescents est essentiel. Leur cerveau est toujours en développement et des habitudes se forment. Des interventions telles que la thérapie cognitivo-comportementale contre la rumination (RF-CBT : Rumination Focused Cognitive Behavioral Therapy) peuvent parvenir à changer la donne, en les orientant vers un comportement adulte mentalement sain.
Nos résultats suggèrent que la thérapie est adaptée et efficace sur le plan du développement en plus d’être accessible, notamment via la télésanté ».
Sortir du cercle vicieux de la rumination
Qu’est-ce que la thérapie RF-CBT ? La thérapie a été développée par Ed Watkins, professeur de psychologie clinique à l’Université d’Exeter. La thérapie s’est déjà avérée efficace chez les adultes souffrant de dépression récurrente. Elle combine certains éléments de la TCC avec des techniques d’imagerie, de visualisation et de compassion.
L’étude confirme d’ailleurs de précédentes recherches selon lesquelles la rumination peut être réduite grâce à ce type d’interventions appelées RF-CBT. De plus, ici, l’IRMf permet aux chercheurs d’observer des changements corrélés dans la connectivité cérébrale associés à ce mode de réflexion excessive.
L’équipe a regardé si cette thérapie pouvait être adaptée et apporter des bénéfices, à une population plus jeune souffrant de rumination mentale, précisément auprès de 76 adolescents âgés de 14 à 17 ans ayant des antécédents de dépression, répartis pour suivre à 10 à 14 séances de RF-CBT ou à suivre une thérapie standard. L’expérience confirme qu’avec la thérapie RF-CBT,
- les adolescents déclarent ruminer beaucoup moins ;
- l’IRMf révèle des changements dans la connectivité cérébrale, témoins de changements au niveau neuronal ;
- précisément, l’IRMF montre une réduction de la connexion entre le cortex cingulaire postérieur gauche et 2 autres régions, le gyrus frontal inférieur droit et le gyrus temporal inférieur droit. Ces zones, impliquées respectivement dans la pensée autoréférentielle et le traitement des stimuli émotionnels, suggèrent que la RF-CBT peut améliorer la capacité du cerveau à sortir du cercle vicieux de rumination.
« Pour la première fois, une étude montre qu’il est possible de développer des thérapies de type TTC efficaces à réduire la rumination, comme la RF-CBT, développée à l’Université d’Exeter. Ces thérapies entraînent des changements observables dans la connectivité des régions du cerveau chez les adolescents ayant des antécédents de dépression par rapport aux thérapies standards ».
La RF-CBT aide les patients à acquérir un contrôle sur la rumination. Les auteurs comptent valider ces résultats positifs sur un échantillon plus large de patients, et avec leur confirmation, envisagent de renforcer l’accès des jeunes, à ce type de thérapies cliniques.
Source: Biological Psychiatry Global Open Science 27 Oct, 2023 DOI: 10.1016/j.bpsgos.2023.08.012 Rumination-Focused Cognitive Behavioral Therapy Reduces Rumination and Targeted Cross-network Connectivity in Youth With a History of Depression: Replication in a Preregistered Randomized Clinical Trial (In Press) via AAAS 27 Oct, 2023 27-Oct-2023 fMRI study finds correlated shifts in brain connectivity associated with overthinking in adolescents
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