Cette plateforme mondiale de tests pharmacologiques apporte de nouvelles données pour guider les soins des patients atteints de COVID-19 gravement malades. L’objectif est d’identifier les médicaments couramment disponibles susceptibles de contribuer à traiter les formes sévères de l’infection. Cet essai, le plus large au monde portant sur des interventions multiples auprès de patients atteints d’un COVID-19 sévère et publié dans le JAMA et le New England Journal of Medicine (NEJM), s’attarde notamment sur 2 traitements, la vitamine C et la simvastatine.
L’équipe de l’Université de Pittsburgh, menée par le Dr Derek Angus, chercheur et médecin en soins intensifs à l’Université de Pittsburgh a mené cet essai clinique, nommé « Randomized Embedded Multifactorial Adaptive Platform for Community Acquired Pneumonia (REMAP-CAP) », mené auprès de 2.684 patients gravement malades hospitalisés dans 141 hôpitaux répartis dans 13 pays. L’étude examine donc l’utilisation de la vitamine C et de la simvastatine chez ces patients atteints de COVID-19.
Oui pour la simvastatine : l’analyse conclut que ce médicament largement disponible et peu coûteux qui figure d’ailleurs sur la liste des médicaments essentiels de l’OMS, induit une forte probabilité (96 %) d’améliorer les résultats, tels qu’évalués par une combinaison de survie et de durée en unité de soins intensifs (USI). Ainsi,
- commencé de manière précoce, ce traitement apporte aux patients atteints de COVID-19 gravement malades 92 % de probabilité d’avoir une survie améliorée à 3 mois ;
- en d’autres termes, ce traitement permet de sauver 1 vie pour 33 patients traités.
« Des résultats vraiment encourageants », relève l’un des auteurs du REMAP-CAP, le Pr Danny McAuley, professeur et consultant en médecine de soins intensifs à l’Hôpital Royal Victoria et à l’Université Queen’s de Belfast : « ces données démontrent que
le traitement à la simvastatine est très susceptible d’améliorer les résultats chez les patients gravement malades atteints du COVID-19
et vont donc aider les professionnels de la santé du monde entier à améliorer le traitement de ces patients ».
Non pour la vitamine C : si elle est largement disponible dans le monde et a déjà été préconisée dans certains contextes pour le traitement du COVID-19, la vitamine C reste discutée dans cette indication. En combinant les données de 2 essais cliniques – REMAP-CAP et LOVIT-COVID – portant sur plus de 2.500 patients de 20 pays, l’analyse démontre que :
même une dose élevée de vitamine C n’améliore pas les résultats des patients.
C’est l’essai, le plus large ayant examiné, dans ce contexte, l’effet de doses élevées de vitamine C dans le traitement du COVID-19. Et il tranche le débat, apportant la preuve qu’une dose élevée de vitamine C n’est pas bénéfique et suggérant même « de fortes chance » qu’elle puisse être nocive.
Au-delà, ces travaux constituent une démonstration de la puissance non seulement des collaborations mondiales de recherche, mais celle aussi de ces plateformes de tests de médicaments, recherchant de nouveaux repositionnements. REMAP-CAP est une plateforme d’essai adaptative mondiale étudiant plusieurs traitements pour les patients hospitalisés souffrant d’une infection des voies respiratoires. L’essai s’est mobilisé pour évaluer des traitements spécifiques pour les patients atteints de la COVID-19 dans les unités de soins intensifs début mars 2020 et continue d’évaluer les interventions possibles contre le COVID-19, la grippe et d’autres types de troubles respiratoires sévères.
On retiendra à plus court terme que l’utilisation de la vitamine C chez les patients hospitalisés atteints du COVID-19 devrait être abandonnée.
Source: JAMA 25 Oct, 2023 DOI : 10.1001/jama.2023.21407 Intravenous Vitamin C for Patients Hospitalized With COVID-19 Two Harmonized Randomized Clinical Trials
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