C’est l’une des premières études à soulever les risques possibles pour la santé liés aux contaminants tels que certains champignons toxiques présents dans les fleurs et la plante de cannabis. L’équipe de l’University of Tennessee Institute of Agriculture, qui publie ses conclusions dans la revue Frontiers in Microbiology appelle à des recherches plus approfondies et, avec la légalisation du cannabis médical, à l’établissement de normes de production plus rigoureuses.
La consommation de cannabis, même à des fins médicales, pourrait en effet « rendre malades » certains usagers en raison de champignons nuisibles qui contaminent les plantes, révèle pour la première fois cette étude. Les dangers associés pourraient être plus sévères pour les patients immunodéprimés, soulignent ces chercheurs professeurs d’entomologie et de phytopathologie à l’Université du Tennessee.
« Le cannabis reste encore une culture relativement nouvelle et nous en sommes aux premiers stades de la compréhension des relations de la plante avec certains agents pathogènes. Plusieurs agents pathogènes produisent des mycotoxines, des composés qui ont un impact négatif sur la santé humaine et qui sont réglementés dans d’autres cultures. Nous avons donc cherché à résumer les données disponibles sur ces mycotoxines dans les produits à base de cannabis et à identifier les lacunes de la recherche sur la contamination possible du cannabis par ces champignons ».
Il s’agit d’une analyse des données d’études précédentes et les a rapprochées des réglementations américaines et internationales actuelles liées à l’industrie et à la production du cannabis. Jusque-là, la recherche sur le cannabis s’est principalement concentrée sur la substance et ses bénéfices pour la santé, mais avec la légalisation croissante du cannabis pour tous les usages, il devient essentiel d’aborder aussi les risques possibles liés à sa production.
« Bien que les champignons et les mycotoxines soient des contaminants courants et bien étudiés dans de nombreuses espèces de cultures, ils restent sous-étudiés en ce qui concerne le cannabis ainsi que le chanvre. Cela s’explique en partie par le fait que les méthodologies d’évaluation des risques pour la santé humaine utilisées pour réglementer les produits alimentaires et pharmaceutiques ne sont pas encore devenues la norme pour l’industrie du cannabis. De plus, le large éventail de produits issus du cannabis rend particulièrement difficile l’évaluation et la gestion des risques pour la santé humaine liés à ces contaminants », résument les chercheurs.
- Ces champignons qui infectent aussi le cannabis : Aspergillus, Penicillium, Fusarium, Mucor et d’autres champignons peuvent aussi infecter le cannabis et produire des mycotoxines.
Plusieurs recommandations s’imposent :
- revoir la réglementation et les méthodes d’évaluation de ces contaminants ;
- proposer des recommandations pour produire des produits du cannabis plus sûrs ;
- identifier les facteurs environnementaux tels que la localisation et les modes de culture.
L’étude, une méta-analyse des preuves disponibles révèle ainsi que :
- certains champignons qui infectent le cannabis peuvent provoquer des infections des tissus pulmonaires et cutanés ;
- ces infections sont plus fréquentes lorsque le cannabis est fumé et moins fréquentes lorsqu’il est ingéré ;
- les mycotoxines du Fusarium, une classe répandue de contaminants fongiques présents dans les produits agricoles et pouvant provoquer des vomissements, ne sont actuellement pas réglementées ;
- les patients atteints de cancer qui consomment du cannabis pour soulager leurs nausées et leur appétit, ainsi que les patients transplantés et les consommateurs atteints du VIH et du diabète de type 1, pourraient être plus sensibles à l’infection ;
- les travailleurs qui produisent et récoltent du cannabis semblent également être exposés à ces risques ;
- les consommateurs immunodéprimés devraient être encouragés à utiliser des produits stérilisés.
Et les normes ? L’examen des normes internationales concernant ces champignons et contaminants toxiques confirme un manque de données flagrant sur la prévalence de ces contaminants et leurs impacts sur la santé. Les différents niveaux de légalisation des produits à base de cannabis posent également problème. L’évaluation de ces agents pathogènes est en effet complexe.
« Il existe ainsi un fossé entre les réalités de la production et les problèmes de sécurité humaine ».
L’usage récréatif du cannabis devenant de plus en plus courant, les auteurs suggèrent qu’une solution consisterait à « réduire les dommages possibles en particulier pour les utilisateurs de cannabis médical, en développant un système à deux niveaux qui distingue les produits destinés à un usage médical et récréatif.
Source: Frontiers in Microbiology 19 Oct, 2023 DOI : 10.3389/fmicb.2023.1278189 Fungal and mycotoxin contaminants in cannabis and hemp flowers: implications for consumer health and directions for further research
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