Alors que la plupart des études sur le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sont centrées sur l’enfant et le jeune adulte, cette revue et méta-analyse de la littérature explore comment les plus de 50 ans atteints de TDAH sont pris en charge, en pratique clinique. Avec une première conclusion, chez les plus âgés le TDAH est négligé que ce soit en termes de diagnostic et a fortiori de traitement. Ces experts de l’Université d’Orebro (Suède) apportent ici dans l’Expert Review of Neurotherapeutics de premiers indices pour mieux détecter et traiter le trouble chez les plus âgés.
C’est d’abord l’urgence de meilleures directives internationales sur le traitement du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) chez les plus de 50 ans qui est mise en exergue par ces experts en santé mentale, de renommée mondiale. Car leur analyse révèle « une lacune frappante » de connaissances sur les signes, symptômes et protocoles de traitement du TDAH chez les personnes âgées, les lignes directrices existantes se concentrant sur les enfants et les jeunes adultes.
De meilleures approches nécessaires de toute urgence
La méta-analyse, menée par le Dr Samuele Cortese, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université de Southampton et Henrik Larsson, professeur d’épidémiologie psychiatrique à l’université d’Orebro, a porté sur près de 100 études. 44 étaient centrées plutôt sur la prévalence, les résultats de santé associés, moins nombreuses étant les recherches sur le diagnostic et l’efficacité/sécurité des traitements, et plus rares encore étant les publications de lignes directrices cliniques ou déclarations de consensus apportant des recommandations pour le diagnostic clinique et le traitement du TDAH chez les personnes âgées.
Le TDAH touche pourtant et tout autant les personnes âgées : on estime ainsi que le TDAH touche environ 2,5 % des adultes toutes tranches d’âge confondues. Par ailleurs, le TDAH est héréditaire. Enfin, le trouble neurodéveloppemental peut persister tout au long de la vie et avoir un impact négatif sur les études puis l’emploi et les interactions sociales. Cependant, les médecins de soins primaires sont actuellement dans l’incapacité de dépister et de diagnostiquer le trouble chez les personnes âgées de 50 à 55 ans ou plus, relève l’auteur principal, le Dr Maja Dobrosavljevic de l’Université d’Orebro : « Avec une meilleure compréhension des défis auxquels sont confrontées les personnes âgées vivant avec le TDAH, nous devrons développer une approche globale et adaptée pour maintenir leur bien-être et leur qualité de vie ».
On ignore tout du TDAH chez le patient âgé : des études devront encore déterminer les signes cliniques spécifiques dans ce groupe d’âge et préciser ainsi les critères de diagnostic afin de pouvoir développer des directives de traitement adaptées et lancer de nouvelles recherches. D’une manière plus générale, les symptômes incluent l’impulsivité, l’hyperactivité et un manque de concentration, d’attention et de compétences organisationnelles. Ainsi, aucune étude n’a suivi des personnes atteintes de TDAH sur une longue période et jusqu’à un âge avancé.
On ignore quelle est l’efficacité des traitements standards, pour les plus âgés : Les stimulants tels que le méthylphénidate (Ritaline® notamment) sont les médicaments les plus couramment utilisés pour le TDAH.
- Davantage d’essais sont donc nécessaires pour évaluer la sécurité et l’efficacité des médicaments actuels contre le TDAH dans ces groupes d’âge, un groupe qui présente un risque accru d’autres problèmes de santé tels que des problèmes cardiaques.
- Ainsi, les médecins devraient évaluer la santé physique d’une personne âgée atteinte de TDAH avant de prescrire un traitement médicamenteux.
Et le diagnostic ? Les études font état d’une évolution des critères de diagnostic vers une « inclusion plus large » d’adultes qui, auparavant, n’auraient pas été diagnostiqués.
- Cependant les critères pris en compte ne sont aucunement spécifiques à la présentation du TDAH chez les personnes âgées.
- Les outils de dépistage validés pour le TDAH chez les personnes âgées ne sont donc pas suffisamment spécifiques pour reconnaître la maladie chez les plus de 50 ans. Seules les personnes souffrant de formes très sévères de TDAH seraient aujourd’hui détectées et prises en charge.
- Enfin, les associations entre le TDAH et d’autres problèmes de santé mentale, l’augmentation des taux de mortalité et des comorbidités comme les maladies cardiovasculaires et la démence se renforcent avec l’avancée en âge ;
le TDAH présente des signes cliniques, comme le déclin cognitif, communs à d’autres conditions,
néanmoins, des symptômes ou comportements « infantiles » ou une apparition plus rapide de la déficience cognitive légère semblent plus caractéristiques d’un TDAH.
En résumé, il existe d’énormes lacunes à combler dans la détection, le diagnostic et le traitement du TDAH chez les plus âgés.
Avec une priorité, préciser et détecter les signes cliniques distinctifs du TDAH chez les plus âgés.
Source: Expert Review of Neurotherapeutics 20 Sept, 2023 DOI: 10.1080/14737175.2023.2250913 The diagnosis and treatment of attention-deficit hyperactivity disorder (ADHD) in older adults
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