Quelle augmentation du risque de cancer pour les patients souffrant de reflux gastroœsophagien (RGO) ? Cette équipe de gastroentérologues et de cancérologues de l’Institut Karolinska nous répond dans le British Medical Journal (BMJ).
Le reflux gastroœsophagien se manifeste par des régurgitations acides et des brûlures d’estomac et a été documenté comme un facteur de risque connu de cancer de l’œsophage. Cependant, cette étude s’inscrit en faux et rapporte que la majorité des patients atteints de RGO ne présentent finalement pas un risque plus élevé de cancer.
Réponse : uniquement en cas de lésions de la muqueuse œsophagienne
L’étude est menée à grande échelle dans 3 pays nordiques à partir des données des registres nationaux de Suède, du Danemark et de la Finlande et a suivi durant 31 ans, 285.000 personnes souffrant de RGO et ne présentant aucun signe ‘œsophagite à l’inclusion. L’analyse révèle que :
- le risque de cancer n’est plus élevé que chez les patients dont la gastroscopie révèle des modifications de la muqueuse œsophagienne ;
- ainsi, une sous-analyse menée chez plus de 200.000 participants souffrant de reflux et d’œsophagite constate un risque relatif nettement accru de cancer de l’œsophage.
L’auteur principal, le Dr Dag Holmberg, chercheur en médecine moléculaire et en chirurgie qualifie ce résultat de « gratifiant alors que le RGO est une affection très courante et que la plupart des patients présentent une membrane muqueuse tout à fait normale à l’examen ».
Que se passe-t-il ? En cas de reflux, le contenu acide de l’estomac s’infiltre dans l’œsophage. Cela peut parfois provoquer une inflammation de la muqueuse œsophagienne (œsophagite), diagnostiquée par gastroscopie. Dans ce cas, le reflux augmente le risque de cancer de l’œsophage. Les symptômes du reflux peuvent apparaître et disparaître mais persistent généralement, ce qui signifie que de nombreux patients consultent fréquemment un médecin et subissent souvent des gastroscopies répétées pour détecter des lésions des muqueuses.
Des gastroscopies répétées inutiles chez les patients ayant une muqueuse œsophagienne normale : selon les auteurs, ces résultats doivent rassurer les patients et réduire le nombre d’examens répétés inutiles.
Prochaine étape : l’équipe souhaite identifier tous les facteurs, et autres que l’œsophagite, qui pourraient favoriser la croissance tumorale chez les personnes souffrant de RGO.
Source: The British Medical Journal (BMJ) 13 Sept, 2023 DOI: 10.1136/bmj-2023-076017 Non-erosive gastro-oesophageal reflux disease and incidence of oesophageal adenocarcinoma: population-based cohort study in three Nordic countries
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