Cette plante, Artemisia annua appelée encore Sweet Annie, révèle un pouvoir médicinal hors pair, contre le COVID et le glioblastome. C’est une équipe de l’Université du Texas à San Antonio (UTSA), qui documente aujourd’hui dans le Journal of Natural Products, ses propriétés bioactives et notamment celles de l’un de ces composés, l’artéannuine B, contre les cellules cancéreuses et contre le COVID.
Les chercheurs cultivent ici la plante dans des rangées de pots en terre cuite en laboratoire de biologie et juste à côté, le laboratoire de chimie extrait des feuilles de la plante des composés médicinaux qui sont ensuite testés, in vitro, sur les cellules cancéreuses.
Les auteurs rappellent que près de la moitié des médicaments délivrés sur prescription sont issus de produits naturels, soit de plantes, de champignons ou de bactéries. Et la moitié de ces médicaments issus de produits naturels, proviennent de plantes. Différentes plantes produisent différents composés médicinaux. Et, en ce qui concerne le cancer, ajoutent les chercheurs, on continue à découvrir de nouveaux composés qui ont toujours existé. « Un seul composé ne pourra jamais traiter tous les cancers, c’est pourquoi la recherche se poursuit ».
Sweet Annie est utilisée en médecine traditionnelle chinoise depuis plus de 2.000 ans.
La plante produit de l’artémisinine, qui contient un endoperoxyde, un composé utilisé pour le traitement du paludisme. Ses extraits de feuilles ont déjà été utilisés pour traiter d’autres maladies, des cancers et le COVID-19. Le café infusé avec Sweet Annie fait actuellement l’objet d’un essai clinique sur le cancer, tandis que l’extrait de plante infusé dans le thé est utilisé en Afrique pour lutter contre le COVID.
Comment fonctionnent les composés de la plante ? L’équipe est la première à décrypter le mécanisme de l’une de ces molécules grâce à son interdisciplinarité en biochimie, en chimie et en biologie.
« Nous en sommes aux tout premiers stades d’étude du mécanisme d’action des composés médicinaux de Sweet Annie, nous devons encore préciser la meilleure façon de les administrer et de cibler la thérapie », explique l’auteur principal, le Dr Lin, professeur agrégé de biologie et de neuroscience à l’UTSA : « Nous pouvons ajuster la concentration pour cibler directement les tumeurs. Nous pouvons encapsuler le composé dans différentes concentrations afin de cibler spécifiquement les zones nécessitant d’être traitées ».
L’étude teste plusieurs composés sur des cellules primaires de glioblastome de la banque de tissus de tumeurs cérébrales de l’UCSF. Les chercheurs fractionnent et caractérisent les extraits de feuilles de Sweet Annie en utilisant la spectroscopie RMN et la chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse et utilisent du méthanol comme solvant pour extraire les composés. Ces expériences révèlent :
- leur activité cytotoxique contre les cellules de glioblastome, une forme maligne de tumeur cérébrale ;
- un composant en particulier se révèle dans toutes les expériences, efficace contre les cellules cancéreuses : l’artéannuine B. Ce composé semble inhiber les protéases à cystéine, des enzymes qui dégradent les protéines surexprimées dans les cellules cancéreuses ;
- la forme réduite de l’artéannuine B ne s’avère en revanche pas active contre le glioblastome à la même concentration.
La recherche ouvre ainsi une nouvelle piste thérapeutique contre ce cancer du cerveau.
« Nous voulons savoir comment cela fonctionne afin de pouvoir donner des médicaments à quelqu’un de manière intelligente. Tous nos corps sont différents. Le cancer, par exemple, surexprime certains gènes et si vous savez quel gène est exprimé, vous pouvez le cibler et bloquer l’activité de son produit protéique avec un médicament. Un exemple spécifique est celui du tamoxifène, qui est un promédicament métabolisé en sa forme active, l’endoxifène, par une enzyme clé de l’organisme, le cytochrome P450 2D6. L’endoxifène bloque l’activité du récepteur des œstrogènes, que certains cancers du sein dépendants des œstrogènes surexpriment et dont ils ont besoin pour se développer. Cependant, certaines personnes ont des formes moins actives de P450 2D6, de sorte que le tamoxifène ne serait pas efficace dans le traitement de leurs cancers dépendants des œstrogènes.
Être capable de comprendre le mécanisme d’action des médicaments est tout à fait essentiel pour garantir leur efficacité »
Source: Journal of Natural Products July, 2023 Inhibition of Cysteine Proteases via Thiol-Michael Addition Explains the Anti-SARS-CoV-2 and Bioactive Properties of Arteannuin B
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