Cette revue de la littérature sur l’efficacité de la psilocybine dans la gestion de la dépression résistante aux traitements, confirme ses promesses. Des données publiées dans le Journal of Psychiatric Practice, favorables à l’utilisation ciblée des substances psychédéliques dans le traitement de divers problèmes de santé mentale mais qui mettent en exergue les résistances cette fois juridiques, éthiques et scientifiques à l’utilisation des psychédéliques dans le traitement de ces troubles mentaux.
Même si de nombreux défis restent à relever pour définir leurs avantages cliniques et surmonter les obstacles réglementaires complexes à leur utilisation. L’auteur principal, le Dr Amir Garakani, MD, de l’hôpital de Greenwich (Connecticut) et du département de psychiatrie de la Yale School of Medicine, (New Haven, Connecticut) commente l’utilité de ces travaux pour la pratique clinique : « À une époque d’enthousiasme croissant concernant l’utilisation de certains agents psychédéliques pour améliorer les résultats de troubles mentaux résistants aux traitements standards, les psychiatres ont besoin de ce bilan des preuves disponibles ».
Les avantages confirmés de la psilocybine pour traiter la dépression
Les effets sur le cerveau : les chercheurs expliquent comment l’expérience psychédélique affecte le cerveau. Présente dans certains champignons, dits « magiques », la psilocybine est une substance psychédélique naturelle.
- De nombreux essais cliniques récents ont rapporté ses effets positifs dans la prise en charge de troubles psychiatriques comme la dépression majeure et résistante au traitement. Les preuves suggèrent que les réponses thérapeutiques à la psilocybine « découlent, ou du moins vont de pair avec, une expérience émotionnelle ou mystique intense ».
- D’autres études rapportent que la psilocybine conduit à une « ouverture à l’expérience » et à une flexibilité psychologique accrues : ce qui encourage les patients à « reconsidérer leurs perspectives et à dépasser leurs schémas de pensée habituels ».
- Enfin, la plupart des études soutiennent la combinaison de la psychothérapie avec le traitement par psilocybine : « les participants doivent être encouragés à partager leurs expériences, à générer de nouvelles idées et à changer leurs comportements ».
- Les recherches sur les effets biologiques de la psilocybine suggèrent une activité accrue entre les réseaux cérébraux, des changements associés, toujours 6 mois plus tard, à une réduction durable des symptômes de dépression.
Les obstacles réglementaires demeurent, en dépit de l’accumulation des preuves d’efficacité de la substance. Des études sont en cours pour définir les dosages adaptés. Ces études suivent des protocoles hautement contrôlés et sont menées sur des groupes de populations soigneusement sélectionnés, avec une attention particulière portée à la sécurité des patients. Plusieurs indications sont testées, dont la dépression mais aussi l’anxiété liée au cancer et le syndrome de stress post-traumatique. Ces nombreux essais en cours sur la psilocybine démontrent d’eux-mêmes tout l’intérêt suscité par la substance, commentent les chercheurs.
De premières autorisations : plus tôt cette année, l’agence de réglementation australienne a annoncé l’approbation de la psilocybine pour la dépression résistante. Aux États-Unis, la psilocybine a été désignée comme une « thérapie révolutionnaire » pour la dépression majeure ou résistante. Mais si 2 États aient légalisé la psilocybine, elle reste une substance contrôlée.
Une position mitigée des sociétés savantes : l’American Psychiatric Association déclare qu’il existe « actuellement des preuves scientifiques insuffisantes » pour approuver l’utilisation de psychédéliques dans le traitement des troubles psychiatriques…
Selon ces auteurs, et leur revue de la littérature, la psilocybine se confirme prometteuse en tant que nouvelle thérapeutique et offre de nouvelles perspectives aux patients, cependant il reste à voir si les contraintes cliniques, juridiques et scientifiques ouvriront la voie à ces promesses.
Source: Journal of Psychiatric Practice Sept, 2023 DOI: 10.1097/PRA.0000000000000729 Psychedelics, With a Focus on Psilocybin: Issues for the Clinician
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