Ce sont de nouvelles découvertes sur la perte de cheveux, chez les hommes, chez qui la condition est beaucoup plus prévalente, la calvitie touchant un homme sur 4 au cours de la vie, vs 3% des femmes âgées de 65 ans et plus. L’équipe de l’Université de Bonn identifie ici des variantes génétiques rares impliquées dans la chute des cheveux chez les hommes. Ces travaux, publiés dans la revue Nature Communications, révèlent des marqueurs de risque et ouvrent la voie à de nouvelles thérapies, géniques.
Un cuir chevelu dégarni, une perte de cheveux au niveau de la couronne et, finalement, une calvitie classique en forme de fer à cheval, ce modèle de perte de cheveux chez les hommes, caractéristique d’une alopécie androgénétique, implique plusieurs variantes génétiques. Cette forme de perte de cheveux est la plus courante chez les hommes et est largement imputable à des facteurs héréditaires.
Les options de traitement actuelles ne sont pas optimales, les fondements génétiques de la maladie restent mal connus et il est nécessaire de mieux comprendre et pouvoir mieux prévenir la perte de cheveux. À ce jour, les études mondiales se sont concentrées principalement sur les variantes génétiques courantes et ont impliqué plus de 350 loci génétiques, en particulier le gène du récepteur aux androgènes, situé sur le chromosome X hérité de la mère.
En revanche, la contribution des variantes génétiques rares était jusque-là considérée comme modeste.
Cependant, les analyses systématiques des variantes rares font défaut, relève l’auteur principal, Sabrina Henne, chercheur à l’Institut de Génétique humaine de l’Université de Bonn. Le défi statistique réside dans le fait que ces variantes génétiques rares sont donc portées par très peu d’individus, voire par un seul. L’équipe de l’unité de recherche transdisciplinaire « Vie et santé » de l’université de Bonn a donc mené une revue systématique afin d’identifier les variantes génétiques rares impliquées dans ce trouble. Pour cela, l’étude a analysé les séquences génétiques de 72.469 participants masculins référencés dans la UK Biobank. Entre autres méthodes, les chercheurs de Bonn ont utilisé le SKAT test, un test d’association (Sequence Kernel Associalon Test) qui permet de détecter les associations avec des variantes rares, ainsi que le GenRisk développé à l’Institut de statistiques génomiques et de bioinformatique de l’Université de Bonn. Les analyses révèlent :
- des associations avec des variantes génétiques rares dans les 5 gènes suivants : EDA2R, WNT10A, HEPH, CEPT1 et EIF3F ;
- de nouvelles preuves de gènes déjà impliqués par de précédentes recherches : EDA2R et WNT10A avaient déjà été suggérés comme des gènes candidats ; ces 2 gènes semblent ainsi jouer un rôle majeur ;
- HEPH est situé dans une région génétique déjà impliquée par des variantes courantes, à savoir le récepteur EDA2R/androgène, une région précédemment associée avec la perte de cheveux masculine ;
- les gènes CEPT1 et EIF3F situés dans des régions génétiques n’avaient pas encore été associées à la perte de cheveux chez les hommes ; ainsi des variantes rares de ces gènes contribuent à la prédisposition génétique ;
- finalement, HEPH, CEPT1 et EIF3F représentent de nouveaux gènes candidats hautement plausibles ;
- d’autres gènes connus comme impliqués dans d’autres maladies héréditaires rares affectant à la fois la peau et les cheveux (telles que les dysplasies ectodermiques) semblent également jouer un rôle dans la perte de cheveux.
Ces variantes identifiées devraient pouvoir faciliter la détection du risque de calvitie et donner lieu à de nouvelles stratégies de traitement. Des thérapies géniques pourraient ainsi être envisagées pour prévenir la perte de cheveux et la calvitie.
Source: Nature Communications 22 Sept, 2023 DOI: 10.1038/s41467-023-41186-w Analysis of 72,469 UK Biobank exomes links rare variants to male-pattern hair loss
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