C’est un nouvel effet dramatique de l’insécurité alimentaire : elle double le taux d’hypoglycémie sévère chez les adultes diabétiques. Un constat d’une équipe d’épidémiologistes et de diabétologues de l’Université Western (Londres, Ontario), documenté lors de la Réunion annuelle de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD) qui ajoute également aux préoccupations liées au coût de la vie.
Une hypoglycémie grave survient lorsque le taux de sucre dans le sang chute au point qu’il peut entraîner une perte de conscience, des convulsions, le coma et, dans de rares cas, la mort. L’hypoglycémie sévère est rare chez les personnes atteintes de diabète, à moins qu’elles ne prennent de l’insuline ou des sécrétagogues de l’insuline, 2 classes de médicaments contre le diabète couramment prescrits. L’hypoglycémie sévère est en effet un effet secondaire de ces médicaments.
L’insécurité alimentaire est connue pour avoir des conséquences sur l’accès aux soins et la santé, mais peu de recherches représentatives en population générale ont regardé ses effets possibles sur le traitement du diabète et l’hypoglycémie sévère.
L’hypoglycémie sévère est plus de 2 fois plus fréquente chez les personnes diabétiques plus démunies
L’étude porte sur les données de 1.001 adultes (49,6 % d’hommes) atteints soit de diabète de type 1 (16,1 %), soit de diabète de type 2 traités, pendant au moins un an, par de l’insuline et/ou des sécrétagogues. Les participants étaient âgés en moyenne de 51 ans et présentaient une durée médiane de diabète de 12 ans. Ils participaient à l’étude iNPHORM, une enquête prospective menée chaque 12 mois auprès d’un échantillon représentatif de la population américaine sur le risque mondial d’hypoglycémie et qui recueille des données sur la fréquence des hypoglycémies sévères.
Sur la base des lignes directrices des normes de soins de l’American Diabetes Association (ADA), l’hypoglycémie sévère a été définie comme une faible concentration de glucose dans le sang de niveau 3, quelle que soit la valeur de la glycémie, entraînant une altération de l’état mental et/ou physique nécessitant une aide professionnelle ou non professionnelle pour le rétablissement. L’analyse révèle que :
- environ 1 participant sur 5 a déclaré avoir souffert d’insécurité alimentaire ;
- ce taux d’insécurité alimentaire était similaire dans le diabète de type 1 (18,6 %) et le diabète de type 2 (20,4 %) ;
- plus de la moitié des participants ont subi au moins un événement de baisse du glucose (niveau 3) au cours de la dernière année ;
- les hypoglycémies sévères sont 2,2 fois plus fréquentes chez les personnes en situation d’insécurité alimentaire, même après ajustement avec les facteurs de confusion possibles (âge, revenu brut annuel du ménage, couverture d’assurance, conditions de vie et type de diabète).
L’auteur principal, le Dr Ratzki-Leewing, épidémiologiste à l’Université Western explique : « Il s’agit de la première étude prospective à montrer que l’insécurité alimentaire est extrêmement chez les diabétiques et qu’elle exacerbe l’incidence de l’hypoglycémie sévère ».
Les auteurs recommandent à leurs collègues cliniciens d’interroger leurs patients diabétiques sur cette situation d’insécurité alimentaire et de faire preuve de vigilance lorsqu’ils prennent en charge des patients traités par insuline ou par sécrétagogues.
« À court terme, une hypoglycémie sévère peut provoquer des symptômes très dangereux, dont des lésions nerveuses et cardiaques et une altération de la conscience de l’hypoglycémie elle-même, ce qui accroît encore le risque d’hypoglycémie futur ».
Source: Annual meeting of the European Association for the Study of Diabetes (EASD) 1 Oct, 2023 Food insecurity doubles rate of severe hypoglycaemia in adults with diabetes et Diabetologia (In Press)
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