Cette étude, menée à l’Université de Tel-Aviv (TAU), au titre très provocateur qui soutient ainsi qu’un tiers des individus de poids normal sont obèses, se base, on l’aura compris sur le taux de graisse plutôt que sur le poids corporel, pour définir la condition d’obésité. Ses conclusions publiées dans la revue Frontiers in Nutrition contredisent à nouveau -et comme de plus en plus d’études- l’indice de masse corporelle (IMC) comme mesure de référence de l’obésité.
L’implication est « pratique » et les auteurs appellent à la généraliser à l’ensemble des services de soins primaires : il s’agirait de les équiper d’appareils de mesure du pourcentage de graisse corporelle et de faire de cette métrique, la mesure de référence permettant de définir l’obésité.
Le taux de graisse corporelle -plutôt que l’IMC- devrait devenir la référence
L’étude a examiné les données de poids, de taille et de masse grasse et les résultats de santé d’environ 3.000 participants pour conclure que le taux de graisse corporelle est un indicateur beaucoup plus fiable de la santé globale et du risque cardiométabolique que IMC, pourtant toujours plus largement utilisé.
- environ un tiers des participants, soit 1.000 personnes, se trouvaient dans la fourchette de poids normale ;
- parmi ces participants, 38,5 % des femmes et 26,5 % des hommes ont été identifiés comme « obèses avec un poids normal », c’est-à-dire ayant un excès de graisse en dépit d’un poids normal ;
- l’analyse des marqueurs sanguins identifie une corrélation significative entre « l’obésité avec un poids normal» et des niveaux élevés de sucre, de graisse et de cholestérol, soit avec des facteurs de risque majeurs de maladies cardiométaboliques ;
- 30 % des hommes et 10 % des femmes identifiés comme étant en surpoids avaient en revanche un pourcentage de graisse corporelle normal.
Quels sont les bons repères ? L’auteur principal, le professeur Yftach Gepner de la TAU explique : « plus de 60 % des adultes du pays sont en surpoids. L’indice de base utilisé pour le diagnostic est l’IMC, basé sur des mesures de poids et de taille, cependant, en dépit du lien intuitif évident entre l’excès de poids et l’obésité, la mesure réelle de l’obésité est
- la teneur en graisse corporelle, avec des valeurs normales maximales fixées à 25 % pour les hommes et à 35 % pour les femmes ».
Le paradoxe de l’obésité mieux expliqué : la disparité entre les 2 indices a généré ce phénomène appelé « le paradoxe de l’obésité ». Ainsi, dans cette étude, un participant sur 10 identifiés comme étant en surpoids présente un taux de graisse corporelle tout à fait normal.
En fin de compte, le nombre de personnes identifiées à tort comme obèses reste très modeste par rapport au nombre de personnes non identifiées comme obèses et pourtant souffrant d’obésité sur la base de leur taux de graisse corporelle. Ces personnes dans la norme selon l’indice d’IMC en vigueur, passent généralement « sous le radar » et ne sont pas dépistées comme à risque accru ce maladie cardiométabolique.
On retiendra donc ce message : le pourcentage de graisse corporelle est un indicateur plus fiable de la santé générale d’un individu que l’IMC. La métrique « devrait donc devenir la norme des évaluations de santé : l’évaluation du pli cutané qui estime la graisse corporelle en fonction de l’épaisseur de la couche de graisse sous la peau devrait « reprendre du service ».
Source: Frontiers in Nutrition 9 June, 2023 DOI : 10.3389/fnut.2023.1173488 The paradox of obesity with normal weight; a cross-sectional study
Lire aussi : SANTÉ MÉTABOLIQUE : L’IMC seul ne rime à rien
Laisser un commentaire