La greffe des propres cellules pulmonaires des patients souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) offre l’espoir d’un traitement curatif de la maladie, souligne cette étude avant-gardiste d’une équipe de pneumologues de l’Université Tongji (Shanghai) soutenue par le laboratoire Regend Therapeutics Ltd. Ces travaux, présentés lors du Congrès international 2023 de l’European Respiratory Society (ERS) confirment qu’il sera prochainement possible de réparer les tissus pulmonaires endommagés chez les patients atteints de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) en utilisant ainsi leurs propres cellules.
La BPCO tue environ trois millions de personnes dans le monde chaque année et sa mortalité s’accroît avec la pollution atmosphérique. Cette maladie respiratoire grave entraîne des lésions progressives du tissu pulmonaire et les tissus affectés ne peuvent pas être réparés avec les traitements actuels. Seuls les symptômes peuvent être soulagés. Il existe donc un immense besoin de traitement curatif.
Ce petit essai clinique de phase I mené auprès de 17 patients atteints de BPCO montre ainsi que ces participants sont capables de mieux respirer, de marcher sur de plus grandes distances et déclarent une meilleure qualité de vie après avoir reçu ce traitement expérimental sous forme de greffe de cellules pulmonaires autologues.
Pour développer ce nouveau traitement contre la BPCO, les chercheurs se sont concentrés sur les cellules souches, capables de se différencier en n’importe quelle cellule du corps, et les cellules progénitrices, qui descendent de cellules souches et ne peuvent se différencier qu’en cellules appartenant au même tissu ou organe. Ces dernières sont en effet utilisées par le corps pour réparer et remplacer les tissus endommagés.
Jusque-là, l’utilisation des cellules souches dans le traitement de la BPCO avait donné des résultats contradictoires.
L’auteur principal, le professeur Wei Zuo, de l’École de médecine de l’Université Tongji et son équipe ont regardé à leur tour comment les cellules progénitrices pulmonaires P63+ pourraient être exploitées pour le tissu pulmonaire lésé par la BPCO. Les cellules progénitrices P63+ étaient déjà connues pour leur capacité à régénérer les tissus des voies respiratoires et de précédentes études précliniques (chez l’animal) avaient suggéré qu’elles pouvaient réparer le tissu épithélial endommagé dans les alvéoles, les minuscules sacs aériens dans les poumons qui jouent un rôle important dans la respiration.
L’essai clinique de phase I a donc vérifié l’efficacité et la sécurité du prélèvement de cellules progénitrices P63+ de poumons de 20 patients atteints de BPCO, de leur culture pour en obtenir des millions d’autres en laboratoire, puis de leur transplantation pour régénérer les poumons. 35 % des participants souffraient d’une BPCO sévère et 53 % d’une BPCO extrêmement sévère. Les chercheurs ont utilisé un petit cathéter contenant une brosse pour collecter les cellules progénitrices des voies respiratoires, cloné les cellules pour en créer jusqu’à un milliard de plus, puis les ont transplantées dans les poumons par bronchoscopie. Sur les 20 participants, 17 ont été traités et 3 ont formé le groupe témoin. Les participants ont été suivis durant 24 semaines afin d’évaluer dans quelle mesure ils avaient toléré le traitement et son efficacité. L’essai montre que :
- la thérapie cellulaire est bien tolérée par tous les participants ;
- après 12 semaines, chez les participants traités, la capacité de diffusion médiane des poumons qui représente la qualité de l’échange d’air entre les poumons et la circulation sanguine, est passée de 30 % avant le traitement à 40 %, puis a encore augmenté encore un peu jusqu’à 40,3 % à 24 semaines ;
- la distance médiane parcourue lors d’un test de marche de 6 minutes (6MWD) est passée de 410 mètres avant le traitement à 447 mètres après 24 semaines ;
- le score médian de qualité de vie a diminué de sept points, ce qui indique en fait une amélioration ;
- chez 2 patients souffrant d’emphysème léger, un type de lésion pulmonaire normalement permanente et progressive, la greffe a permis de réparer les lésions pulmonaires.
Ainsi, ce petit essai confirme les promesses de la greffe de cellules progénitrices P63+, qui permet non seulement d’améliorer la fonction pulmonaire des patients atteints de BPCO, mais soulage aussi leurs symptômes, dont l’essoufflement, la perte de capacité d’exercice et la toux persistante. Cela signifie qu’une telle thérapie permettrait de restaurer chez de nombreuses personnes atteintes de BPCO sévère un bon niveau de qualité de vie. Mais surtout de réduire le risque de décès.
Un essai de phase II est d’ores et déjà programmé
qui va évaluer l’efficacité de la greffe autologue de cellules pulmonaires chez un plus large échantillon de patients.
« Avec davantage de médecins et de patients participant à notre essai clinique, nous pourrons développer le traitement plus rapidement afin qu’il puisse bénéficier plus rapidement aux patients. Enfin, nous testons également une stratégie thérapeutique similaire chez des patients atteints de maladies fibrotiques pulmonaires mortelles, notamment la fibrose pulmonaire idiopathique. Nous espérons développer le traitement pour une utilisation clinique d’ici environ 2 à 3 ans ».
Source : European Respiratory Society (ERS) International Congress 2023 12 Sept, 2023 Session Innovative Approaches to Managing Asthma and COPD: A Translational Perspective Abstract no: 2 OA Autologous transplantation of P63+ lung progenitor cells for chronic obstructive pulmonary disease therapy
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