C’est une petite révolution et une avancée décisive vers la greffe de vessie, une intervention jamais encore pratiquée, en raison des défis techniques de taille, d’accès chirurgical au bassin profond et de l’anatomie complexe des vaisseaux sanguins dans cette zone. Cette équipe de l’Université de Californie du Sud (Los Angeles), décrit en effet dans le Journal of Urology®, ces premiers pas déterminants vers la transplantation robotisée de vessie chez l’Homme, avec des implications considérables pour les patients souffrant d’affections vésicales en phase terminale qui rendent la vessie inutilisable et qui n’ont aujourd’hui d’autre choix que subir une intervention chirurgicale pour retirer la vessie (cystectomie).
Cette étude est la première analyse des données précliniques sur la greffe de vessie, précise ici l’auteur principal, le Dr Inderbir S. Gill, de la Keck School of Medicine. Avec des implications considérables pour ces patients, qui lorsqu’ils ont subi une cystectomie doivent subir aussi une procédure de dérivation pour restaurer la fonction urinaire- généralement réalisée à partir d’un segment de tissu intestinal. Bien que ces procédures reconstructives aient un taux de réussite élevé, elles comportent un risque important de complications à court et à long terme.
De nouvelles expériences fondamentales qui marquent une étape vers la greffe
L’équipe mène ici toute une série d’études précliniques qui vont être fondamentales pour développer la technique de greffe robotisée de vessie et couvre avec ces travaux les principales étapes de l’intervention : l’ablation de la vessie et des tissus associés, notamment les artères, les veines et les uretères ; la préparation de l’organe greffé et sa greffe chez le receveur, une fois l’organe préparé. Ces travaux sont effectués chez de gros modèles animaux en raison de la similitude générale des voies urinaires et des vaisseaux sanguins avec l’anatomie humaine. D’autres expériences sont menées sur des corps de 5 patients décédés, à cœur battant mais en état de mort cérébrale.
- Ces expériences donnent aujourd’hui lieu à des techniques mieux éprouvées, ici appliquées avec succès aux modèles in vivo. De plus ces tests ont permis d’améliorer les protocoles et de réduire les temps d’intervention. Enfin, la robotisation joue un rôle clé dans la procédure. Grâce à ces expériences, la durée totale et théorique de l’intervention chirurgicale est passée de 11 à 5 heures.
La greffe de vessie pourrait être une « option de traitement viable » pour certains patients,
conclut cet équipe d’experts, qui relève ici la réussite de 3 tentatives sur 4 menées chez des donneurs à cœur battant et qui ont permis la reconstruction d’une bonne circulation sanguine vers la vessie transplantée. L’approche robotique a également « trouvé sa place » et facilite considérablement la chirurgie de cystectomie (ablation de la vessie) du donneur en raison de son accès technique supérieur au bassin profond et au contrôle des vaisseaux sanguins.
Ces chercheurs ont même produit une vidéo à destination de leurs confrères urologues permettant de visualiser les étapes clés de la technique de greffe de vessie robotique. De prochains essais cliniques de greffe de vessie humaine sont en préparation.
Ce développement et les améliorations techniques en cours laissent présager « une option de traitement viable pour une minorité de patients bien sélectionnés et bien conseillés », concluent les chercheurs.
Il reste néanmoins à trancher de nombreuses questions restées sans réponse, notamment le fonctionnement à long terme de la vessie greffée, la nécessité d’un traitement immunosuppresseur à vie pour prévenir le rejet d’organe et l’acceptation par les patients d’une greffe de vessie par rapport aux procédures de dérivation urinaire standard.
Source : The Journal of Urology 1 Oct 2023 DOI : 10.1097/JU.0000000000003620 Robotic Bladder Autotransplantation: Preclinical Studies in Preparation for First-in-human Bladder Transplant
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