Au fil des études, les chercheurs identifient de nombreuses protéines qui peuvent jouer un rôle clé dans le développement ou la prévention de l’obésité, et, pour certaines, qui pourraient être des cibles de nouveaux traitements. Ici, cette équipe de biologistes et de généticiens de l’Université de Californie Riverside décrypte, dans la revue eLife, de nouveaux mécanismes sous-jacents aux différences sexuelles pour l’obésité, avec des implications pour meux la traiter, ici plutôt chez les femmes.
L’obésité est probablement le premier facteur associé à de moins bons résultats de santé physique, mentale et à une qualité de vie réduite. Alors que sa prévalence est à la hausse, dépassant les 30 % aux États-Unis, la maladie est préoccupante en raison de ses comorbidités multiples et variables, dont le diabète et les maladies cardiovasculaires mais aussi des formes plus sévères voire mortelles de certaines maladies infectieuses, dont le COVID-19.
L’étude est menée sur la souris modèle d’obésité induite par un régime riche en graisses, et montre que par rapport aux mâles, les souris femelles sont protégées contre l’obésité et l’inflammation par une protéine immunitaire appelée « RELMalpha ». « RELMalpha apparaît en effet responsable d’une partie des différences d’effets observées selon le sexe dans la réponse immunitaire à l’obésité », explique l’un des auteurs principaux, Meera G. Nair, professeur agrégé de sciences biomédicales à l’École de médecine de l’UC Riverside.
Les RELM, ou molécules de type résistine, constituent une famille de protéines sécrétées par les mammifères fortement exprimées dans les maladies infectieuses et inflammatoires. L’une de ces protéines, RELMalpha, est rapidement déclenchée dans le corps -de la souris- en réponse à une infection et sert à protéger les tissus de l’organisme. Chez l’Homme, la même protéine résistine présente une séquence et une fonction similaires à celle étudiée ici chez la souris.
RELMalpha régule 2 types de cellules immunitaires : les macrophages anti-inflammatoires et les éosinophiles. Les macrophages et les éosinophiles sont des types de globules blancs qui combattent les maladies, mais peuvent être nocifs pour le corps en l’absence d’infection. En revanche, les mâles expriment moins de RELMalpha que les femelles, moins d’éosinophiles et présentent plus de macrophages inflammatoires favorisant l’obésité.
- lorsque les chercheurs suppriment RELMalpha chez les souris femelles, ces femelles ne sont plus protégées contre l’obésité, ont moins d’éosinophiles et ont plus de macrophages inflammatoires.
- en traitant les souris femelles avec RELMalpha, ces souris se retrouvent mieux protégées contre l’obésité et son inflammation, un résultat qui suggère une nouvelle cible thérapeutique prometteuse ;
- les souris femelles ont des niveaux plus élevés de RELMalpha que les mâles, ce qui explique probablement pourquoi le déficit en RELMalpha affecte aussi plus les femelles que les mâles ;
- le déficit en RELMalpha entraîne également des effets significatifs chez les hommes, mais dans une moindre mesure que chez les femmes.
- La protéine RELMalpha joue ainsi un rôle clé dans la modulation des réponses métaboliques et inflammatoires au cours de l’obésité induite par l’alimentation, mais cela dépend du sexe.
Ces résultats mettent donc en évidence un nouvel axe RELMalpha-éosinophile-macrophage qui pourrait contribuer à protéger les femmes contre l’obésité et l’inflammation induites par l’alimentation.
Source: eLife 25 July, 2023 DOI: 10.7554/eLife.86001 Sexual dimorphism in obesity is governed by RELMα regulation of adipose macrophages and eosinophils
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