Cette équipe de l’Université de Californie Irvine (UCI) alerte sur les risques liés à l’utilisation, chez les enfants, des agonistes des récepteurs du GLP-1 présents notamment dans les médicaments amaigrissants populaires (Ozempic, Wegovy-sémaglutide-). L’étude, publiée dans la revue Clinical and Translational Science, outre le fait de souligner les effets secondaires de ces médicaments chez l’enfant, mettent en lumière le manque de recherche sur les analogues du GLP-1 chez les enfants et les adolescents.
On sait encore peu de choses sur les effets à long terme et sur la durée de vie de ces médicaments pendant les périodes critiques de la croissance et du développement, souligne l’auteur principal, le Dr Dan Cooper de l’UCI. Son équipe multidisciplinaire, composée de cliniciens, de médecins du sports, de pharmacologues et d’experts en comportement de santé a souhaité répondre aux préoccupations sur l’utilisation d’agonistes des récepteurs peptide-1 pour traiter l’obésité infantile et le diabète de type 2, chez les enfants.
« Des conséquences involontaires des agonistes des récepteurs du GPL-1 chez les enfants et les adolescents »
Il s’agit d’un véritable « call to action » basé sur les dernières preuves des effets puissants de ces médicaments, similaires chez les enfants et les adolescents. Cet avertissement intervient en pleine hausse de l’épidémie d’obésité pédiatrique et de sa comorbidité principale, le diabète de type 2. Si l’équipe ne rejette pas totalement l’utilisation de ces médicaments chez les jeunes, et suggère qu’utilisée de manière adaptée, cette nouvelle classe de médicaments pourrait bénéficier aux enfants et aux jeunes souffrant d’obésité morbide et de diabète de type 2, ironiquement, elle s’inquiète du succès sans précédent de ces médicaments chez ces groupes d’âge.
Attention à la surutilisation et aux abus : « notre principale préoccupation est le déséquilibre et les réductions excessives de l’apport calorique ou énergétique associées à ces médicaments amaigrissants. Les enfants et les adolescents ont besoin d’énergie et d’un apport calorique suffisant non seulement pour l’activité physique, mais aussi pour leur croissance et leur développement ».
- Le risque d’abus vaut particulièrement chez les jeunes patients présentant des troubles de l’alimentation diagnostiqués et chez les enfants et adolescents impliqués dans des sports de compétition comme la lutte, les arts martiaux, la gymnastique ou autres.
L’équilibre entre l’apport énergétique (alimentation) et la dépense énergétique (liée à l’activité et à l’exercice) influence de manière déterminante la croissance et la santé d’un enfant tout au long de sa vie, et tout changement dans cet équilibre peut avoir un impact négatif sur la santé plus tard dans la vie. Par exemple, des niveaux optimaux d’alimentation et d’exercice physique augmentent la minéralisation osseuse pendant l’enfance, une période critique de croissance et de développement, ce qui réduit le risque d’ostéoporose et de fractures osseuses plus tard dans la vie.
Le rapport bénéfice/risque de l’utilisation à long terme chez les jeunes doit être soigneusement pesé, ajoute l’autre auteur principal, Jan D. Hirsch, doyen de l’École de pharmacie de l’UCI : « avec le rôle majeur des médias sociaux, les jeunes sont exposés à une culture de l’alimentation et à une dictature de l’image corporelle qui peuvent être malsaines.
Prendre ces médicaments sans supervision médicale peut entraîner chez ces jeunes toute une série de problèmes de santé et émotionnels ».
Avec l’efficacité et la popularité croissantes de ces médicaments, les laboratoires pharmaceutiques développent rapidement de nouvelles formes orales ce qui, selon les chercheurs, pourrait favoriser les abus.
« Il est raisonnable de supposer qu’au fur et à mesure que l’accès à ces médicaments devient plus facile, davantage d’enfants et d’adolescents vont les utiliser sans surveillance. Alors que le taux de troubles de santé mentale, dont les troubles du comportement alimentaire (TCA) continuent d’augmenter, les professionnels de santé devraient intervenir en cas d’utilisation inappropriée de ces médicaments ».
Quelques propositions des chercheurs en faveur d’une utilisation plus appropriée de ces médicaments chez les jeunes :
- former des équipes multidisciplinaires en soins primaires pour combler le manque de connaissances sur les effets possibles des analogues GLP-1 chez les enfants et les adolescents ;
- aborder les questions éthiques et sociologiques posées par l’approbation future de formulations pédiatriques ;
- améliorer l’accès aux données objectives, avec par exemple la mise en œuvre, en milieu scolaire, de tests de condition physique en milieu scolaire ;
- mettre à jour les lignes directrices d’interventions sur le mode de vie des enfants et des adolescents, en intégrant des approches de pointe pour quantifier, surveiller et évaluer l’activité physique, le régime alimentaire et la mesure précise de la composition corporelle au-delà de l’indice de masse corporelle (IMC), une mesure aujourd’hui considérée comme sous-optimale du surpoids et de l’obésité chez les adolescents ;
- mieux former les personnels scolaires et les chercheurs chargés des essais cliniques aussi, aux interventions efficaces liées au mode de vie et aux enjeux de santé mentale des enfants et des adolescents.
Source: Clinical and Translational Science 18 Aug, 2023 DOI: 10.1017/cts.2023.612 Unintended Consequences of Glucagon-like Peptide-1 Receptor Agonists Medication in Children and Adolescents – A Call to Action
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