Venant confirmer les précédentes études sur les dangers de la consommation du cannabis durant la période de développement du cerveau, ces experts conseillent d’éviter le cannabis pendant l’adolescence et la grossesse et ajoutent une 3è situation : au volant.
Cependant cette méta-analyse internationale des preuves disponibles, publiée dans le British Medical Journal (BMJ) confirme aussi l’intérêt et les bénéfices du cannabis et de certains de ses composants, dont le cannabidiol, dans de multiples indications, dont le traitement de la douleur, de la spacicité ou encore dans le cadre des soins palliatifs. Avec un appel à la clé : revoir les directives afin de prendre en compte ces bénéfices dans la réglementation et de pouvoir les exploiter en pratique clinique.
Selon l’étude Global Burden of Disease, environ 24 millions de personnes dans le monde souffrent de troubles liés à la consommation de cannabis c’est-à-dire d’une incapacité à arrêter le cannabis ou à contrôler sa consommation. Cette équipe internationale d’experts rappelle en effet l’association du cannabis -ou plutôt l’association entre les troubles de la consommation de cannabis- et une mauvaise santé mentale. Sa consommation est également associée au risque de dommages causés aux enfants à naître ou encore d’accidents de voiture.
Mais ne doivent pas être oubliées les preuves d’efficacité bien démontrées de certains composés pour lutter contre les symptômes de maladies comme l’épilepsie, et de symptômes, comme la douleur chronique.
Éviter le cannabis à l’adolescence et au début de l’âge adulte,
mais également chez les personnes sujettes ou souffrant de troubles de santé mentale, pendant la grossesse et avant et pendant la conduite automobile constituent les principales conclusions de cette analyse.
L’étude, une revue générale de la littérature, soit de 101 méta-analyses sur le cannabis et la santé et la méta-analyse de ces précédentes méta-analyses, apporte une synthèse de haut niveau des preuves des effets du cannabis sur la santé. Une photographie précieuse, alors que si de multiples études ont déjà été menées sur le sujet, la plupart étaient observationnelles et aboutissaient à des résultats mitigés. Pour surmonter cet obstacle, l’équipe a évalué la crédibilité et la certitude de plus de 500 associations rapportées entre le cannabis et la santé dans 50 méta-analyses d’études observationnelles et 51 méta-analyses d’essais contrôlés randomisés, publiées de 2002 à 2022. Cette analyse révèle :
- sur la base de preuves au moins suggestives issues d’études observationnelles et de preuves de certitude modérée issues d’essais, un risque accru de psychose associé aux cannabinoïdes, en population générale ;
- la consommation de cannabis apparaît ainsi associée à la psychose chez les adolescents et à la rechute de la psychose chez les patients déjà diagnostiqués avec un trouble psychotique ;
- la consommation de cannabis sans trouble psychotique préexistant, augmente le risque de son apparition, et la consommation de cannabis après son apparition aggrave donc les résultats cliniques ;
- sur la base de preuves observationnelles faibles à suggestives et de preuves d’essais de certitude élevée à modérée, une association entre le cannabis et les symptômes psychiatriques généraux, notamment la dépression, des troubles de la mémoire, notamment verbale et visuelle. Les chercheurs notent que ces associations sont particulièrement préoccupantes étant donné que la répartition par tranche d’âge des troubles liés à la consommation de cannabis coïncide avec l’âge maximal d’apparition des troubles de santé mentale, entre le milieu de l’adolescence et le début de la vingtaine ;
- des preuves observationnelles de niveau faible à convaincant suggèrent également un lien entre la consommation de cannabis et le risque d’accident de la route ;
- chez les femmes enceintes, il existe également des preuves observationnelles convaincantes d’un lien entre la consommation de cannabis et le risque d’avoir un bébé de petite taille et de faible poids de naissance.
- Le cannabidiol se confirme bénéfique pour réduire les crises dans certains types d’épilepsie, tandis que les médicaments à base de cannabis sont confirmés également efficaces contre la douleur et la raideur musculaire ou spasticité dans la SEP, ainsi que contre la douleur chronique dans diverses affections et en soins palliatifs ;
Des confirmations d’efficacité dans de nombreuses indications ou situations : les auteurs documentent ainsi à nouveau les bénéfices du cannabidiol (CBD), un composé non psychoactif du cannabis, en particulier chez les personnes épileptiques ainsi que des médicaments à base de cannabis pour les patients atteints de sclérose en plaques (SEP), de douleurs chroniques, de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) et en soins palliatifs.
Si cette revue générale est la première à regrouper des études observationnelles et interventionnelles sur les effets des cannabinoïdes sur les humains, les chercheurs notent tout de même, qu’en raison de la difficulté à mener des essais cliniques sur le sujet, la plupart des effets des cannabinoïdes sont étayés par des preuves de faible voire de très faible certitude. D’autres limites sont également évoquées, dont les différences de teneur en cannabis des produits testés, les différences de réponse d’un utilisateur à l’autre etc…
Cependant ces experts affirment que cette synthèse, la plus complète jamais réalisée constitue la base d’une feuille de route pour les politiques quant à l’évolution de la réglementation de l’utilisation des cannabinoïdes. Ainsi, ces chercheurs appellent à de nouvelles lignes directrices qui traduisent ces preuves dans la pratique clinique.
Source: The BMJ 31 Aug, 2023 DOI: 10.1136/bmj-2022-072348 Balancing risks and benefits of cannabis use: umbrella review of meta-analyses of randomised controlled trials and observational studies
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