Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune. Ces chercheurs du Scripps Research (La Jolla) proposent donc de surveiller les lymphocytes T, qui participent à la réaction auto-immune, pour détecter le risque et prévenir le diabète. L’étude, publiée dans la revue Science Translational Medicine, montre que l’analyse des cellules T dans des échantillons de sang est tout à fait efficace à sélectionner les patients à risque et éligibles au traitement préventif.
Le diabète de type 1 survient lorsque le système immunitaire détruit les « cellules des îlots » du pancréas, productrices d’insuline. Le processus auto-immun qui sous-tend le diabète de type 1 peut se dérouler sur des années, avec de multiples redémarrages et arrêts. La façon exacte dont le processus commence reste mal comprise, bien que des facteurs génétiques et des infections virales soient mises en cause. Le diabète de type 1 survient généralement dans l’enfance ou au début de l’âge adulte et nécessite un remplacement de l’insuline à vie.
L’équipe de La Jolla démontre ici que l’analyse d’un certain type de cellule immunitaire dans le sang peut permettre d’identifier les personnes à risque de développer un diabète de type 1, une maladie auto-immune- qui peut être mortelle. Cette approche, sous réserve d’être validée par d’autres études, pourrait être utilisée pour sélectionner des patients éligibles, à un traitement bloquant ce processus auto-immun délétère.
L’étude a consisté à isoler des lymphocytes T à partir d’échantillons de sang de souris et d’humains. L’analyse des cellules T a permis de distinguer les patients à risque qui avaient une auto-immunité active vs ceux qui n’avaient pas d’auto-immunité significative, avec une précision de 100 % dans un petit échantillon. Précisément, l’équipe a construit des complexes protéiques imitant le mélange de protéines immunitaires et de fragments d’insuline que les cellules T spécialisées appelées cellules T CD4 reconnaîtraient pour initier la réaction auto-immune. Ces constructions ont pu servir « d’appât » pour capturer les lymphocytes T CD4 anti-insuline dans des échantillons de sang. L’analyse de l’activité des gènes dans ces cellules T capturées et l’expression des protéines sur les cellules a permis d’évaluer leur niveau d’activation.
Un grand pas en avant car la méthode permet de détecter le processus auto-immun,
« à un stade où il reste encore possible de stopper la progression de la maladie », commente l’auteur principal, le Dr Luc Teyton, professeur d’immunologie et de microbiologie au Scripps.
Détecter les patients éligibles aux immunosuppresseurs : en 2022, l’Agence américaine Food & Drug Administration (FDA) a approuvé une thérapie immunosuppressive qui peut protéger les cellules des îlots et retarder l’apparition du diabète de plusieurs mois à plusieurs années lorsqu’elle est initiée aux premiers stades de l’auto-immunité. Cependant, jusque-là, il n’existait pas de méthode permettant d’identifier les personnes qui pourraient bénéficier du traitement immunosuppresseur. Seul l’examen des niveaux d’anticorps anti-îlots dans des échantillons de sang des patients, permettait d’apprécier la réponse anticorps mais cela ne constituait pas une mesure très précise de la progression auto-immune.
« Les niveaux d’anticorps anti-îlots sont peu prédictifs au niveau individuel, et le diabète de type 1 est fondamentalement une maladie induite par les lymphocytes T », concluent les chercheurs.
Cette approche basée sur les lymphocytes T CD4 doit être validée sur une durée plus longue et chez un plus grand nombre de participants, et comparée plus largement à l’approche traditionnelle de quantification des anticorps anti-îlots.
Source: Science Translational Medicine 5 July, 2023 DOI : 10.1126/scitranslmed.ade3614 Measuring anti-islet autoimmunity in mouse and human by profiling peripheral blood antigen-specific CD4 T cells
Plus sur le Diabète de type 1
Laisser un commentaire