« Ma plaie s’est-elle infectée ? » Bientôt ce nouveau dispositif portable, développé à la Western University (Ontario) destiné aux cliniciens, pourrait permettre de détecter plus rapidement les plaies infectées. Le dispositif vient d’être présenté dans la revue Frontiers in Medicine.
Il est parfois difficile pour les médecins et les soignants d’identifier une plaie qui s’infecte. Les signes et symptômes cliniques sont imprécis, variés et les méthodes d’identification biologique des bactéries prennent du temps et sont parfois inaccessibles. Le diagnostic qui dépend souvent de l’évaluation clinique, peut donc être subjectif dépendant de l’expérience du soignant. L’auteur principal, Robert Fraser de l’Université Western rappelle que « le soin des plaies est aujourd’hui l’une des menaces les plus coûteuses et négligées pour les patients et notre système de santé. Pourtant, les cliniciens ont peu d’outils et de données accessibles pour détecter les infections des plaies et éviter que leurs patients ne souffrent inutilement ».
Signature thermique et fluorescence bactérienne
L’appareil contrôlé par une application qui utilise les signatures thermiques et la fluorescence bactérienne pour identifier les plaies infectées, ne laisse plus la place à subjectivité.
Les conséquences de l’infection de la plaie peuvent être sévères : l’infection peut bloquer le processus de cicatrisation ou se propager dans le corps si elle n’est pas traitée rapidement, mettant ainsi la santé du patient en danger.
Une solution à la portée de tous les soignants : l’appareil fonctionnant à partir d’une application pour smartphone ou tablette permet l’imagerie avancée de la plaie pour identifier une infection. Nommé « Swift Ray 1 » l dispositif peut être relié à un smartphone et connecté au logiciel Swift Skin and Wound, prendre des photographies de qualité médicale, des images de thermographie infrarouge qui mesurent la chaleur corporelle et des images de fluorescence bactérienne, qui révèlent des bactéries grâce à la lumière violette.
- Aucune de ces images ne suffit à elle seule à identifier une infection : l’évaluation clinique est peu précise, tout comme la thermographie mesurant les changements de chaleur provoqués par l’inflammation et l’infection. La fluorescence bactérienne ne peut observer que la surface de la plaie, naturellement contaminée par des bactéries. Des méthodes supplémentaires sont donc nécessaires pour différencier une plaie infectée.
L’étude démontre que, combinées, ces différentes méthodes diagnostiques surmontent les faiblesses de chacune des méthodes séparément et apportent une évaluation objective de la cicatrisation de la plaie. Testée auprès de 66 patients porteurs de plaies, exemptes de signes évidents d’infection, non traitées par antibiotiques, l’imagerie bactérienne a permis aux soignants d’éliminer les tissus non viables, la thermographie a apporté un aperçu des changements inflammatoires et circulatoires qui se produisent sous la peau et la combinaison des différentes méthodes apporte une image très précise de la plaie et de sa cicatrisation.
4 modèles sont ainsi identifiés :
- la plaie n’était pas plus chaude qu’une peau saine et aucune fluorescence bactérienne n’est identifiée : plaie non enflammée,
- la plaie légèrement plus chaude que la peau saine et ne présentant pas ou peu de fluorescence bactérienne : plaie enflammée,
- la plaie nettement plus chaude, sans fluorescence bactérienne : plaie infectée,
- la plaie nettement plus chaude, avec fluorescence bactérienne : plaie infectée.
- En effet, les 2 derniers types de plaies, lorsqu’elles sont évaluées par un soignant ou un médecin, sont toujours diagnostiquées comme infectées.
- Dans l’étude, sur les 66 plaies, 20 étaient considérées comme non enflammées, 26 enflammées et 20 infectées.
Un modèle d’apprentissage automatique : à partir de là, les chercheurs ont développé un modèle d’apprentissage automatique avec, pour objectif, d’identifier avec précision ces différentes catégories de plaies. L’équipe constate que le modèle est efficace, avec une précision globale de 74 %. En particulier,
le modèle identifie correctement 100 % des plaies infectées et 91 % des plaies non infectées.
Le médecin et le soignant conservent un rôle clé : en effet, les images doivent toujours être analysées dans leur contexte médical. Par exemple, une plaie suffisamment froide pour être classée comme non enflammée pourrait présenter un apport sanguin limité, qui pourrait compromettre la cicatrisation. Le dispositif fournit donc des données, mais le professionnel de santé doit les analyser. Il dispose ainsi des informations lui permettant de poser un diagnostic rapide et précis pour chaque patient porteur de plaie,
notamment par téléconsultation.
Des essais cliniques de suivi sont d’ores et déjà prévus, avec l’objectif de préciser encore les différents types de plaies en fonction aussi des caractéristiques des patients.
Source: Frontiers in Medicine 24 Aug, 2023 DOI: 10.3389/fmed.2023.1165281 Is my Wound Infected? A Study on the Use of Hyperspectral Imaging to Assess a Wound’s Infectious Status
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