L’objectif de cette équipe de chercheurs, cliniciens, de l’Université de Niigata (Japon) n’est pas de décourager les 550 millions de personnes diabétiques dans le monde, cependant l'étude aboutit bien à un taux de rémission très modeste du diabète. Alors « guérit-on » du diabète ? La recherche publiée dans la revue Diabetes Obesity and Metabolism conclut à un taux de rémission de 1 personne sur 100 atteintes de diabète de type 2, dans la vraie vie.
Ainsi, le retour de la glycémie dans une plage normale et la cessation du besoin de médicaments peuvent survenir chez un tout petit nombre de patients diagnostiqués avec un diabète de type 2. Sous un certain nombre de conditions : l’adoption d’un mode de vie sain, l’observance d’un traitement pharmacologique temporaire, une chirurgie bariatrique/de perte de poids, ou la combinaison de plusieurs de ces conditions.
Cependant, écrivent les chercheurs japonais, les premiers à proposer une estimation du genre, ce phénomène n'est pas encore entièrement compris dans les contextes de soins de routine, et de nombreux facteurs restent à clarifier. Les origines ethniques jouent également un rôle important dans ces « chances » de rémission.
Quelle incidence de la rémission, quel taux de rechute à 1 an ?
L’étude tente d’apprécier les chances de rémission mais aussi l’incidence des rechutes dans l’année qui suit la rémission, et les facteurs associés chez les personnes diabétiques de type 2, via l’analyse des données du Japan Diabetes Clinical Data Management Study Group (JDDM), l'une des plus grandes cohortes de diabétiques de type 2, soit 48.320 participants japonais suivis durant une moyenne de 5 ans.
- Au cours du suivi, 3.677 rémissions ont été recensées ;
- l'incidence globale des rémissions pour 1.000 années-personnes s’élève à 10,5 (une donnée similaire à celle estimée au Royaume-Uni : 9,7) ;
- les participants présentant un taux d'HbA1c de 48 à 53 mmol/mol (6,5 % à 6,9 %), ceux ne prenant aucun médicament hypoglycémiant et ceux présentant une réduction de l'indice de masse corporelle (IMC) ≥ 10 % en 1 an, le taux de rémission est estimé respectivement à 27,8, 21,7 et 48,2, pour 1.000 années-personnes ;
- la rémission semble favorisée par les facteurs suivants : le sexe masculin, une antériorité plus courte du diabète, une HbA1c initiale plus faible, un IMC initial plus élevé, une réduction de l'IMC plus élevée à 1 an et l'absence d'hypoglycémiants au départ ;
- le maintien de la rémission sur 1 an semble favorisé par des facteurs similaires ;
- les facteurs qui prédisent la rechute de la rémission à 1 an :
- ici, parmi 3.677 participants diabétiques entrés en rémission, les deux tiers (2.490) ont rechuté dans l'année ;
- une durée plus longue du diabète, un IMC inférieur au départ et une réduction inférieure de l'IMC à 1 an sont des facteurs significativement associés au risque de rechute.
L’influence de l’origine ethnique sur la rémission et la récidive : il existe des différences « considérables » dans la sécrétion et la résistance à l’insuline entre les différentes origines ethniques, notamment entre les populations d'Asie de l'Est et occidentales. De plus, les Asiatiques ont un taux d'obésité beaucoup plus faible que les Occidentaux et les relations entre l'IMC de base avec la rémission et la rechute pourraient être plus marquées au sein des populations d'Asie de l'Est.
Des résultats impressionnants, mais qui ne doivent pas être décourageants, et « à prendre avec prudence » alors que l’étude révèle des associations et non une relation de cause à effet.
Source: Diabetes Obesity and Metabolism May, 2023 DOI: 10.1111/dom.15100 Incidence and Predictors of Remission and Relapse of Type 2 Diabetes Mellitus in Japan: Analysis of a Nationwide Patient Registry(JDDM73)
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