Les patients souffrant de dépression aiguë, résistante aux traitements médicamenteux standards, souffrent, il est important de documenter les alternatives thérapeutiques possibles. Cette étude, menée au Mass General Brigham, l’un des essais les plus importants jamais menés sur le sujet, a comparé l’impact, chez ce groupe de patients, de 2 traitements alternatifs, la kétamine et la thérapie électroconvulsive (ECT). Les conclusions, publiées dans le New England Journal of Medicine (NEJM), confirment l’efficacité de la kétamine.
Le trouble dépressif majeur est l’une des principales causes d’invalidité dans le monde et on estime qu’il touche 21 millions d’adultes aux seuls États-Unis.
La kétamine est un médicament dissociatif peu coûteux approuvé par l’Agence américaine Food and Drug Administration comme sédatif/analgésique et anesthésique général. De précédentes études sur la kétamine ont suggéré que de faibles doses du médicament pouvaient avoir des effets antidépresseurs rapides pour les personnes atteintes de dépression.
La thérapie électroconvulsive (ECT ou électrochocs) qui consiste à provoquer une crise par stimulation électrique du cerveau est le traitement standard pour le traitement de la dépression sévère, rappelle l’auteur principal, le Dr Amit Anand, directeur des essais cliniques en psychiatrie au Mass General Brigham et professeur de psychiatrie à la Harvard Medical School. « Mais c’est aussi un traitement controversé car il peut entraîner des pertes de mémoire, nécessite une anesthésie et est associé à la stigmatisation sociale ».
En révélant que la kétamine intraveineuse est aussi efficace et non inférieure à l’ECT pour le traitement de la dépression non psychotique et résistante au traitement, cet essai clinique pourrait changer la donne.
Aussi efficace et sans effets secondaires
L’étude, multisites, est la plus grande comparaison jamais menée sur les traitements à la kétamine et l’ECT pour la dépression et la seule ayant évalué les impacts de ces traitements sur la mémoire. Menée de mars 2017 à septembre 2022 auprès de 403 patients atteints de dépression majeure, résistante au traitement, ayant reçu soit des ECT 3 fois par semaine, soit de la kétamine 2 fois par semaine pendant 3 semaines -et suivis durant 6 mois à l’issue du traitement- révèle que :
- 55% des participants traités par kétamine connaissent une réduction significative et durable des symptômes dépressifs, et cela sans effets secondaires sévères ;
- 41 % des participants traités par électrochocs connaissent une réduction d’au moins 50 % de leurs symptômes dépressifs autodéclarés et une amélioration de leur qualité de vie sur la durée de suivi ;
- le traitement par électrochocs est associé à une perte de mémoire et à des effets indésirables musculo-squelettiques ;
- en revanche, le traitement par kétamine n’a pas entraîné d’autres effets secondaires qu’une expérience de dissociation transitoire au moment du traitement.
Face au nombre croissant de patients qui ne répondent pas aux traitements conventionnels et qui ont besoin d’un niveau de soins plus élevé, si les électrochocs restent le traitement standard, la kétamine intraveineuse est tout aussi efficace pour le traitement de la dépression non psychotique résistante et devrait donc être considérée comme une alternative tout aussi adaptée.
L’équipe poursuit ses recherches auprès de patients souffrant de dépression suicidaire aiguë afin de vérifier un impact comparable de la kétamine chez ce groupe de patients encore plus vulnérables.
Source: New England Journal of Medicine (NEJM) 24 May, 2023 DOI: 10.1056/NEJMoa2302399 ECT vs. Ketamine for Non-psychotic Treatment-Resistant Major Depression
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