Cette étude, menée par une équipe de l’Alberta (Canada) illustre à quel point la pandémie de COVID-19 a freiné les protocoles de diagnostic des différents cancers et précise les retards à rattraper pour les différents cancers, du sein, colorectal et de la prostate ainsi que le mélanome. Ces données publiées dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) doivent inciter à développer un plan de préparation permettant de minimiser ces retards en cas de nouvelle crise sanitaire.
« Les mesures radicales et sans précédent adoptées au début de la pandémie de COVID-19 ont eu un impact inévitable sur les soins contre le cancer », commente l’auteur principal, le Dr Darren Brenner, épidémiologiste et professeur agrégé de médecine à l’Université de Calgary. « Seules les chirurgies urgentes pour les cancers ont été priorisées mais de nombreuses autres procédures ont été retardées ou annulées et les protocoles de prévention et de diagnostic ont été considérablement freinés ».
Une baisse de plus d’1 tiers des diagnostics en pleine période pandémique
L’étude compare les taux de survie de 3 groupes de patients diagnostiqués entre janvier 2018 et mars 2019 ; mars 2019 et mars 2020 ; mars et décembre 2020. Les chercheurs ont de plus divisé la troisième période en une phase « d’urgence » de mi-mars à mi-juin 2020 et une phase post-urgence de mi-juin à mi-décembre 2020. Cette analyse révèle :
- une baisse considérable du nombre de nouveaux diagnostics pour certains types de cancer au cours de la période d’urgence avec des réductions, précisément :
- de 43 % pour le diagnostic du mélanome,
- 36 % pour le cancer colorectal et de la prostate,
- 33 % pour le cancer du sein ;
- durant la phase post-urgence, les diagnostics ont repris respectivement de 9 %, 8 % et 10 % par mois ;
- la crise pandémique ne semble pas avoir eu d’effet sur le nombre de diagnostics d’autres cancers, dont le cancer de la vessie, des reins, des poumons et du col de l’utérus.
Le COVID-19 a donc principalement retardé les diagnostics généralisés, du cancer du sein et du cancer colorectal ce qui peut s’expliquer par la réduction des ressources accordées en pleine crise aux services de dépistage.
L’implication est donc claire, préserver autant que possible l’offre de dépistage généralisé de ces cancers, toujours dans un même objectif, éviter le maximum de diagnostics de cancer à un stade avancé.
Crise pandémique et diagnostics de cancers plus avancés : car c’est l’autre conclusion importante de l’étude : les patients atteints de certains cancers, dont le colorectal et le lymphome non hodgkinien diagnostiqués pendant la période pandémique en 2020 ont vu leur une survie réduite d’en moyenne d’1 an vs les patients diagnostiqués en 2018. Cela suggère soit un diagnostic plus/trop tardif ou des soins moins adaptés, ce qui semble moins probable.
Des données généralisables : en effet ces conclusions apparaissent en ligne avec de précédentes études menées au Royaume-Uni, aux États-Unis, aux Pays-Bas, en Allemagne, au Japon et dans d’autres régions du Canada. Les auteurs citent ainsi une baisse de 34 % des nouveaux diagnostics de cancer en avril 2020 en Ontario, de 23 % dans le Manitoba et de 15 % au Québec, au cours de la première année de la pandémie.
Les chercheurs appellent à exploiter ces retours d’expérience pour assurer normalement les dépistages mais aussi les soins des cancers, y compris en période de crise sanitaire.
Source: Canadian Medical Association Journal (CMAJ) 12 June, 2023 DOI: 10.1503/cmaj.221512 Impact of the COVID-19 pandemic on cancer diagnoses, stage and survival in Alberta
Laisser un commentaire