Pour prévenir de futures pandémies, laissez les chauves-souris tranquilles, écrivent ces experts du Cornell University College of Veterinary Medicine. Laisser aux chauves-souris les habitats dont elles ont besoin, sans les déranger constitue une condition majeure de la prévention, selon cet article de perspective, publié dans le Lancet Planetary Health.
Comme l’épidémie de SRAS de 2003, la pandémie COVID-19 peut être attribuée à un virus issu des chauves-souris, « quel que soit le mode d’exposition et que nous ne connaîtrons probablement jamais », écrivent les chercheurs. « Et même un virus libéré par un accident de laboratoire proviendrait à l’origine d’une chauve-souris ».
Les chauves-souris sont des réservoirs bien connus pour un large éventail de virus qui peuvent infecter d’autres espèces, dont les humains.
Elles sont ainsi un réservoir pour le virus de la rage, le filovirus Marburg, les paramyxovirus Hendra et Nipah, les coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) et les chauves-souris frugivores sont suspectées d’être une source d’Ebolavirus. Prenant en compte ces données, ces virologues lancent un appel à l’humanité.
Accepter de laisser les chauves-souris tranquilles,
C’est-à-dire ne pas les craindre ou essayer de les chasser ou de les abattre : de telles activités ne vont servir qu’à les disperser et à augmenter les risques de propagation zoonotique- et préserver les habitats dont elles ont besoin pour vivre sans être dérangées.
« Dans un monde globalisé de 8 milliards de personnes, nous ne pouvons plus ignorer notre interconnexion avec la faune et les écosystèmes qui nous entourent. Nous devons changer la relation de l’humanité avec la nature si nous voulons prévenir la prochaine pandémie d’origine zoonotique – et cela peut commencer par les chauves-souris », écrit ainsi l’un des auteurs, le Dr Susan Lieberman.
Ce n’est pas une affaire de coûts : les experts soulignent que les coûts de mise en œuvre de ces changements de comportement humain restent insignifiants par rapport aux coûts d’une autre pandémie mondiale, qui pourrait être encore plus dévastatrice. Des changements en ligne avec la plupart des défis existentiels auxquels nous sommes confrontés, du changement climatique et de la pollution de l’environnement à la perte de biodiversité et à l’effondrement des écosystèmes, rappelle l’auteur principal, Steven A. Osofsky : « Si nous arrêtions de déboiser et de dégrader leurs habitats naturels, nous pourrions incontestablement réduire les risques d’une autre pandémie ».
Cela pourrait même rapporter des milliards de dollars : les auteurs soulignent que permettre aux chauves-souris de « prospérer » pourrait même rapporter des milliards de dollars en raison des rôles écosystémiques fournis par les chauves-souris, tels que le contrôle des moustiques et autres insectes nuisibles, ainsi que la pollinisation d’un large éventail de cultures.
Enfin, nos relations avec d’autres types d’animaux méritent un examen tout aussi minutieux, mais respecter les chauves-souris et les habitats dont elles ont besoin est vraiment le début d’une véritable prévention du risque de pandémie,
un message qui nous est adressé 3 années après l’apparition du COVID-19.
Source: The Lancet Planetary Health 5 June, 2023 DOI : 10.1016/S2542-5196(23)00077-3 An Immediate Way to Lower Pandemic Risk: (Not) Seizing the Low-Hanging Fruit (Bat)
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