L'exposition aux per et polyfluoroalkyles (PFAS) in utero -pendant la grossesse- est liée, par cette équipe de l'Université Brown (Providence, Rhode Island), à un indice de masse corporelle (IMC) et à un risque accru d'obésité chez les enfants, plus tard dans la vie. Ces nouvelles données, publiées dans la revue Environmental Health Perspectives, rappellent les risques, aujourd’hui non contrôlés et quasiment inévitables de l’exposition à ces produits chimiques éternels, et cela, avant même la naissance.
Les PFAS -dont font partie les PFOS (acide perfluorooctanesulfonique) constituent une classe de produits chimiques synthétiques, utilisés et présents dans les produits ménagers, les ustensiles de cuisine et les emballages alimentaires mais aussi les produits d’hygiène et de soin, comme les shampooings, le fil dentaire ou encore les cosmétiques. Ainsi, « tout le monde » est exposé régulièrement et à long terme aux PFAS et on estime que plus des deux tiers des habitants des pays riches y sont exposés. Ces composés sont également retrouvés à des niveaux très élevés dans les poissons d'eau douce.
En effet, ces produits chimiques dits « éternels » -car ils ne se dégradent jamais dans l'environnement- contaminent l'eau potable, le sol, l'air, les aliments et de nombreux produits de consommation et du quotidien.
Même à de faibles niveaux dans le sang, les PFAS peuvent avoir des effets néfastes sur la santé dont des cancers, des troubles cardiovasculaires, le dysfonctionnement endothélial, le stress oxydatif et l’hypercholestérolémie. Ces composés ont déjà été documentés comme nocifs, en cas d'ingestion ou d’inhalation et nocifs également pour le fœtus et les bébés allaités.
L'étude montre que l’exposition in utero aux PFAS est liée à un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé et à un risque accru d'obésité chez les enfants.
Ce lien avait déjà été suggéré par de précédentes recherches, et est confirmé par l’analyse de ce large ensemble de données, multisites et issues de pas moins de 8 cohortes aux différentes caractéristiques démographiques. Les conclusions de l’étude sont ainsi définies comme largement généralisables en population générale.
Menée dans le cadre du programme ECHO soutenu par les National Institutes of Health (NIH) qui vise à préciser les effets d'un large éventail de facteurs environnementaux précoces sur la santé et le développement de l'enfant, cette analyse des données de 1.391 enfants âgés de 2 à 5 ans et de leurs mères dont les niveaux de 7 PFAS dans des échantillons de sang prélevés sur des mères pendant la grossesse, les IMC des enfants, révèle que :
- des niveaux plus élevés de PFAS dans le sang de la mère pendant la grossesse sont liés à un IMC légèrement plus élevé ;
- ce risque accru d'obésité est observé à l’identique chez les garçons et les filles.
- ces associations sont observées même à de faibles niveaux d'exposition au PFAS.
L'auteur principal Joseph Braun, professeur d'épidémiologie rappelle que « si les niveaux expositions aux PFAS ont changé au fil du temps, certains fabricants ayant volontairement supprimé leur utilisation, leur persistance est toujours d’actualité dans l’environnement. Les associations sont identifiées, même à des niveaux relativement faibles :
les femmes enceintes aujourd'hui peuvent toujours être à risque,
et leurs enfants également ».
Les chercheurs espèrent que ces données contribueront à mieux cerner les risques associés aux PFAS, à influencer la politique environnementale et à prendre les mesures nécessaires pour protéger les plus vulnérables.
L’étude va se poursuivre, avec le suivi de l’IMC et de l'obésité chez les enfants plus âgés exposés.
Source: Environmental Health Perspectives 7 June, 2023 DOI: 10.1289/ehp11545 Associations of Gestational Perfluoroalkyl Substances Exposure with Early Childhood BMI z-Scores and Risk of Overweight/Obesity: Results from the ECHO Cohorts
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