La contraception hormonale peut-elle rendre certaines femmes déprimées ? « Oui, et en plus… » répond cette étude de pharmacologues et gynécologues de l’Université de Copenhague, « si c'est le cas, c’est aussi un signe prédictif de risque accru de dépression post-partum ». L’étude, publiée dans le JAMA Psychiatry, révèle ainsi un nouvel indice de ce risque chez les jeunes femmes, avant même la conception.
La dépression post-partum touche 10 à 15 % des jeunes mères, avec des symptômes comme une incapacité à se sentir heureuse, des troubles de l’humeur, une profonde fatigue et une perte d'appétit. Au-delà de ses symptômes pour la mère, lorsqu'elle n'est pas traitée, la dépression post-partum peut affecter le développement du nourrisson. En identifiant un nouveau marqueur prédictif précoce du risque de dépression post-partum, cette recherche suggère aussi de mieux surveiller et renseigner la santé mentale des femmes sous contraception, en âge de concevoir.
Surveiller la santé mentale des femmes lors de l'initiation de la contraception hormonale
L’étude, menée auprès de 200.000 femmes primipares a identifié les cas de dépression les plus graves, ayant justifié des traitements médicamenteux lors de l’initiation de la contraception, durant la grossesse puis post-partum. L’analyse suggère que les femmes qui développent un épisode dépressif peu de temps après le début d’une contraception hormonale sont plus à risque de développer une dépression post-partum que les femmes avec antécédents de dépression mais sans relation avec l'initiation de la contraception hormonale.
L’auteur principal, le Dr Søren Vinther Larsen de l'Université de Copenhague et chercheur en neurobiologie au Rigshospitalet explique que certaines femmes sont ainsi plus sensibles aux changements hormonaux causés par la contraception hormonale ainsi qu'à la grossesse et à l'accouchement.
Quelle explication ? L’explication tient à la sensibilité hormonale des femmes : « Lorsque les jeunes femmes commencent à prendre des contraceptifs hormonaux, leur corps et leur cerveau sont exposés à des hormones sexuelles synthétiques et la production d'hormones sexuelles par le corps est supprimée. Certaines femmes sont plus sensibles à ces changements que d'autres et chez certaines d’entre elles, cela peut conduire à un épisode dépressif. Les femmes subissent de grands changements hormonaux en relation avec la grossesse et l'accouchement, et ces changements sont déjà suspectés de contribuer au développement de la dépression post-partum ».
Cette association entre la contraception, les épisodes dépressifs puis la dépression post-partum apparaît plus forte qu’entre des antécédents de pression et la dépression post-partum. Ce signe prédictif confirme que certaines femmes en âge de procréer sont plus sensibles aux changements hormonaux que d'autres.
Ce nouvel indicateur devrait être pris en compte dans le suivi à plus long terme de la santé des femmes et pourrait aider les sages-femmes et les médecins à identifier les femmes plus à risque de développer une dépression post-partum.
Source: JAMA Psychiatry 26 April, 2023 DOI : 10.1001/jamapsychiatry.2023.0807 Depression Associated With Hormonal Contraceptive Use as a Risk Indicator for Postpartum Depression
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