Cette équipe de la Johns Hopkins University School of Nursing (Baltimore) révèle un taux de chute de près de 50 % chez les patients âgés atteints de démence. En décryptant les facteurs de chute et donc d’invalidité puis de perte d’autonomie chez les personnes âgées atteintes de démence vs en bonne santé, ces chercheurs proposent un ciblage plus précis de ces facteurs de risque de chutes, face à l’urgence de leur prévention.
Car les chutes causent chaque année des millions de blessures chez les personnes âgées et elles devraient être considérées comme une priorité de Santé publique. En révélant que les personnes âgées atteintes de démence ont 2 fois plus de risques de chuter et 3 fois plus de risques de blessures, dont de fractures, donc d’hospitalisation, d’institutionnalisation et de perte d’autonomie, les chercheurs de l'Université de Drexel apportent, pour la première fois, un éclairage sur les facteurs spécifiques en cause dans un cadre de vie communautaire.
L’étude a analysé les données de la National Health and Aging Trends Study (NHATS 2015 et 2016) menée sur les tendances et les trajectoires de santé et d'invalidité des adultes de 65 ans et plus aux États-Unis. Les chercheurs se sont concentrés sur les facteurs prédictifs de chutes, environnementaux, sociaux et/ou physiques. L’analyse révèle que :
- 45,5 % des personnes âgées atteintes de démence ont connu une ou plusieurs chutes en 2016, vs 30,9 % des personnes âgées non atteintes de démence ;
- chez ces participants atteints de démence, des caractéristiques se démarquent comme significativement associées à un risque accru de chutes. Il s’agit principalement,
- des antécédents de chute au cours de l'année précédente ;
- des troubles de la vision ;
- de la vie avec les autres plutôt que seul.
Alors que chez les participants non déments, ce sont plutôt les difficultés financières, les antécédents de chute également, la peur de tomber, la faiblesse des membres inférieurs, les symptômes dépressifs et un mauvais agencement du domicile qui s’avèrent fortement associés au risque accru de chutes.
Si les antécédents de chute et de déficience visuelle sont des facteurs de risque de chute bien connus chez les personnes âgées en général, la recherche indique qu'il s'agit de facteurs majeurs de chutes chez les personnes atteintes de démence. Avec des implications bien sûr. Plus largement, une évaluation
- de la vue,
- des pieds et des chaussures,
- de l’environnement de vie,
- et du fonctionnement au quotidien
apparaît comme une intervention à mener systématiquement chez les personnes âgées vivant à leur domicile.
Une conclusion attire l’attention : les personnes âgées atteintes de démence qui vivent avec un conjoint ou avec d'autres personnes s’avèrent moins susceptibles de faire une chute que celles qui vivent seules.
C’est là que se manifeste toute l’importance du soutien des soignants et des aidants,
dans la mise en œuvre de ces mesures de prévention des chutes.
Il reste encore beaucoup à comprendre pour améliorer la prévention des chutes chez les personnes âgées, en particulier lorsqu’elles sont atteintes de démence. Le risque de chute est multidimensionnel, il dépend du contexte de vie au-delà de facteurs de santé et de fonction. Cela suggère des interventions de prévention ciblées selon les groupes de population âgée, mais également selon le milieu et le mode de vie.
Source : Alzheimer s & Dementia 12 Jan, 2023 DOI : 10.1002/alz.12916 Predictors of falls in older adults with and without dementia
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