Toujours sur la piste des secrets des supercentenaires, cette équipe de neurologues du Del Monte Institute for Neuroscience de l’Université de Rochester se concentre ici sur les caractéristiques des personnes âgées dont le cerveau vieillit plus lentement que le corps. Ces travaux, publiés dans la revue Neuroimage, révèlent que la combinaison d’une tâche cognitive avec la marche permet de détecter, à l’imagerie, une signature du « super-vieillissement » cérébral. En effet, ces super-centenaires ont bien cette capacité multitâche.
« Mieux comprendre ce qui caractérise les personnes « super-âgées va nous permettre aussi de ieux comprendre le cerveau et le vieillissement », relève l’un des auteurs principaux, Eleni Patelaki, chercheur en génie biomédical à l’Université de Rochester.
« Marcher et faire » en même temps, sollicite la plasticité du cerveau
L’étude : les chercheurs ont demandé à 37 participants hommes et femmes, âgés de 62 à 79 ans, d’effectuer la même tâche cognitive en position assise et en marchant. Les participants ont obtenu des scores similaires en position assise. Mais invités à refaire le test en marchant, certains participants, 7 précisément, semblent améliorer leurs performances cognitives, telles qu’évaluées par une technique d’imagerie, le Mobile Brain/Body Imaging (MoBI). MoBI permet en effet d’observer les changements qui s’opèrent dans l’activation du cerveau et d’évaluer comment celui-ci répond à cette double tâche physique et cognitive.
Cette réponse cérébrale semble constituer une des signatures du « super-vieillissement »,
relèvent les chercheurs.
Une signature du « super-vieillissement » cérébral : les participants dont la cognition s’est améliorée en marchant montrent, en substance, que leur cerveau est toujours capable de s’adapter et de s’améliorer avec l’expérience et grâce à la flexibilité de certaines ressources neuronales. D’autres participants en revanche ont perdu cette plasticité neuronale et leurs ressources ne s’améliorent pas avec la combinaison marche et tâche. En d’autres termes,
la capacité du cerveau à s’adapter ou sa flexibilité à réaffecter ses ressources neuronales pendant la marche pourraient constituer un facteur important de maintien de la cognition au grand âge.
Certains cerveaux de jeunes adultes « se bonifient » aussi : les auteurs relèvent que lors de précédentes expériences, ils avaient également observé que certaines personnes plus jeunes et en bonne santé améliorent également leurs performances à des tâches cognitives en marchant, par ce même processus de réallocation de ressources neuronales.
Un test à « double tâche » pour identifier les supercentenaires en puissance ? De précédentes recherches ont déjà suggéré l’importance de la capacité multitâches ou de la flexibilité cérébrale pour le maintien ou le déclin cognitif avec l’âge. Cette étude exploite également la baisse de cette capacité avec l’âge : plus une personne doit accomplir de tâches simultanément, plus ses performances sont mauvaises, et c’est vrai en particulier chez les personnes âgées.
Ces résultats pourront donc permettre le développement de nouveaux tests de détection et d’évaluation, en particulier pour les patients à risque ou atteints de maladies neurodégénératives.
Ces marqueurs pourraient en effet être utilisés pour évaluer le degré de progression de la maladie, les résultats des interventions, mais aussi pour identifier les patients à risque élevé de déclin cognitif lié à l’âge ou à la maladie.
Source: Neuroimage June 2023 DOI : 10.1016/j.neuroimage.2023.120098 Paradoxical improvement of cognitive control in older adults under dual-task walking conditions is associated with more flexible reallocation of neural resources: A Mobile Brain-Body Imaging (MoBI) study
Plus sur les “Supercentenaires”
Laisser un commentaire