Certaines substances présentes dans l'urine ou dans le sang peuvent prédire la progression de la maladie rénale, annonce cette équipe de la Johns Hopkins Medicine. Des biomarqueurs, documentés dans le Journal of Clinical Investigation, qui vont permettre d’optimiser et de personnaliser le traitement de la maladie, mais aussi prédire le risque de maladie rénale chronique chez les patients hospitalisés souffrant d'insuffisance rénale aiguë.
L'insuffisance rénale aiguë (IRA), qui induit une perte soudaine mais temporaire de la fonction rénale, peut précéder néanmoins le développement d’une maladie rénale chronique (MRC). Ces niveaux plus élevés de certains biomarqueurs dans l'urine et le sang vont permettre de prédire le risque d’évolution de l’IRA en MRC. Ave également des implications pour les médecins qui vont pouvoir vérifier si le patient guérit correctement ou non de ses lésions rénales, et qui vont pouvoir prévenir ce risque de progression vers la maladie rénale chronique.
Les reins sont une paire d'organes en forme de haricot qui contribuent à nettoyer le sang et à éliminer les déchets du corps. L'insuffisance rénale aiguë (IRA) survient lorsque les reins cessent de fonctionner correctement, ce qui peut entraîner une accumulation de déchets dans le sang, avec une difficulté pour le corps à équilibrer les fluides. Bien qu'elle puisse être traitée, l'IRA peut entraîner une maladie rénale chronique, qui peut être mortelle, et d'autres troubles cardiaques.
Enfin, l'IRA est le plus souvent observée chez les patients hospitalisés dont les reins sont affectés par un stress et des complications chirurgicales, ce qui entraîne un processus de récupération plus long et des dommages prolongés aux reins.
Environ 20 % des patients hospitalisés développent une insuffisance rénale aiguë
« Plus largement, les patients hospitalisés encourent un risque 3 à 8 fois plus élevé de développer une maladie rénale chronique plus tard dans la vie », rappelle l’un des auteurs principaux, le Dr Chirag Parikh, Chef du service de néphrologie de la Johns Hopkins University School of Medicine : « De plus, l’incidence de l'IRA à l'hôpital continue d'augmenter, nous devons donc comprendre comment et pourquoi l’insuffisance aiguë évolue vers une forme chronique et si nous pouvons disposer d’indices sur la progression de la maladie rénale ».
L’étude a suivi 656 patients hospitalisés atteints d'IRA . L’équipe a mesuré 7 biomarqueurs urinaires et 2 biomarqueurs plasmatiques de lésions rénales, d'inflammation et de santé tubulaire à plusieurs moments au cours de l’année suivant le diagnostic. L'objectif étant de déterminer les associations entre les niveaux de ces biomarqueurs et l’évolution de la maladie rénale. Cette analyse révèle que :
- l'augmentation des niveaux des biomarqueurs KIM-1, MCP-1 dans l'urine et TNFRI dans le plasma est associée à un risque multiplié par 2 à 3 d’évolution vers la maladie chronique ;
- en revanche, l'augmentation d’un autre biomarqueur urinaire, UMOD, apparaît associée à une réduction de 40 % du risque d’insuffisance rénale chronique.
Quelle explication ? Les données suggèrent que des lésions tissulaires et une inflammation soutenues, ainsi qu'une restauration plus lente de la santé tubulaire, sont associées à un risque plus élevé de progression et d’installation de la maladie rénale.
Cette mesure aurait le potentiel de guider la prise en charge des patients atteints d’insuffisance rénale aiguë après leur sortie de l’hôpital notamment.
L’équipe va poursuivre les recherches sur ces processus biologiques en cause dans cette progression de l’insuffisance rénale, avec l’objectif d’identifier de nouvelles cibles, impliquées dans cette transition.
Source: Journal of Clinical Investigation 23 March, 2023 DOI : 10.1172/jci.insight.167731 Longitudinal biomarkers and kidney disease progression after acute kidney injury
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