Le système immunitaire des femmes enceintes souffrant d’anxiété est biologiquement différent, conclut cette étude menée par les chercheurs de Weill Cornell Medicine et du Columbia University Irving Medical Center (New York) et de la Johns Hopkins University School of Medicine (Baltimore). L’étude, publiée dans la revue Brain, Behavior and Immunity, démontre que les femmes enceintes souffrant d’anxiété ont des niveaux plus élevés de certaines cellules immunitaires appelées cellules T cytotoxiques, des cellules qui attaquent les cellules infectées ou compromises dans le corps.
L’anxiété pendant la grossesse est autodéclarée par plus de 20% des femmes enceintes, relèvent les auteurs, et de nombreuses études ont montré qu’elle est préjudiciable à la santé de la mère et de l’enfant. On sait notamment que l’anxiété peut augmenter le risque d’accouchement prématuré.
« Le système immunitaire de ces femmes enceintes et anxieuses se comporte différemment de celui de femmes en bonne santé pendant la grossesse et après l’accouchement », résume l’auteur principal, le Dr Lauren M. Osborne, chercheur au département d’obstétrique et de gynécologie de Weill Cornell. Medicine : « Pendant la grossesse, une modification délicate est censée se produire qui permet au système immunitaire de ne pas rejeter le fœtus mais de reste suffisamment fort pour empêcher l’invasion de agents pathogènes étrangers ».
La grossesse, une période critique pour le système immunitaire de la mère
L’étude, la première à évaluer la relation entre l’anxiété et ces changements immunitaires au cours de la grossesse et de la période post-partum, a suivi un groupe de 107 femmes enceintes, 56 souffrant d’anxiété et 51 sans anxiété, au cours de leurs 2è et 3è trimestres de grossesse et durant 6 semaines après l’accouchement. Les chercheurs ont analysé des échantillons de sang pour évaluer l’activité immunitaire et mené des évaluations psychologiques pour détecter l’anxiété clinique. L’étude constate :
- que chez les femmes anxieuses, les niveaux de lymphocytes T cytotoxiques sont élevés pendant la grossesse, puis diminuaient dans les semaines suivant l’accouchement, alors que chez les femmes sans anxiété, l’activité de ces cellules diminue pendant la grossesse et continue à diminuer après la naissance ;
- une activité spécifique des marqueurs immunitaires qui circulent dans le sang chez les femmes enceintes et anxieuses.
- l’activité des cytokines largement pro-inflammatoires, ou des substances sécrétées par les cellules dans le cadre de la réponse du système immunitaire, est supprimée pendant la grossesse chez les femmes anxieuses, puis augmente après l’accouchement, tandis que les femmes en bonne santé suivent un schéma opposé.
Si ces données ne peuvent encore être interprétées, l’étude apporte une preuve claire d’une activité immunitaire spécifique chez les femmes enceintes en fonction de leur état d’anxiété. Savoir qu’il existe une implication du système immunitaire est une première étape vers la compréhension des facteurs biologiques liés à l’anxiété pendant la grossesse et une première étape vers le développement de nouveaux traitements.
« Nous savons que l’anxiété doit être traitée pour garantir de bons résultats de santé pour la mère et l’enfant », ajoutent les chercheurs.
Source : Brain Behavior and Immunity Nov, 2022 DOI : 10.1016/j.bbi.2022.09.005 The immune phenotype of perinatal anxiety
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