Le microbiome vaginal maternel a longtemps été considéré comme un facteur clé dans la détermination de la composition du microbiome (et des selles) du nourrisson au cours des premières semaines et des premiers mois de vie. Cette équipe de l’University of British Columbia rectifie cette hypothèse et précise aujourd’hui, dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology, l'effet de la composition du microbiome vaginal maternel sur le développement du microbiome du nourrisson à 10 jours et 3 mois après la naissance. Avec des implications sur le développement de l’immunité du bébé.
En effet, l’idée généralement reçue est que le mode de naissance (accouchement naturel vs césarienne) et précisément l'exposition des nouveau-nés au microbiome vaginal maternel pendant l'accouchement affectent considérablement le développement du microbiome intestinal et de l’immunité du bébé. L’équipe canadienne vérifie pour la première fois, les fondements scientifiques de cette hypothèse. L’auteur principal, le Dr Deborah Money, professeur d'obstétrique et de gynécologie de l'Université de Colombie-Britannique explique : « nous montrons que la composition du microbiome vaginal maternel n'influence pas de manière si substantielle le microbiome du nourrisson au début de la vie ».
L'exposition au microbiote vaginal maternel lors de l'accouchement moins importante que prévu
Le microbiome intestinal du bébé semble presque « imprévisible », conclut en effet cette étude de cohorte mère-enfant, l’une des plus larges menées à ce jour sur le sujet, précisément auprès de 600 femmes prévoyant d'accoucher par voie vaginale et par césarienne. Des écouvillons vaginaux maternels ont été prélevés avant l'accouchement. Des échantillons de selles des bébés ont été prélevés dans les 72 heures suivant l'accouchement, ainsi qu'à 10 jours et 3 mois après la naissance et ont été analysés. Ces analyses révèlent que :
- quel que soit le mode de naissance et l'exposition du nouveau-né au microbiome maternel, la composition du microbiome vaginal des mères ne prédit pas la composition du microbiome du bébé 10 jours ou 3 mois après la naissance ;
- ainsi, le transfert de bactéries vaginales dans l'intestin du nourrisson est limité et le microbiome vaginal maternel n'est qu’un contributeur secondaire à la communauté bactérienne qui se développe dans l'intestin du bébé après sa naissance.
Un des auteurs, Scott Dos Santos, chercheur à l'Université de la Saskatchewan, qui a mené les analyses de laboratoire et des données ajoute :
« au contraire, d'autres facteurs maternels comme le lait maternel et l'exposition à l'environnement jouent probablement un rôle beaucoup plus important ».
D’autres analyses du microbiome du lait maternel sont également en cours dans l’objectif de mieux comprendre sa relation avec le microbiome intestinal des nourrissons.
Et les antibiotiques ? Ces médicaments qui « éradiquent » le microbiome pourraient être en effet à l’origine des écarts de microbiome. C’est la conclusion de l’examen des facteurs cliniques pouvant être en cause : « les différences identifiées selon le mode d'accouchement au début de la vie semblent principalement influencées par l'exposition aux antibiotiques au moment de la naissance ».
En conclusion, cette étude souligne la nécessité de méthodes robustes avec des tailles d'échantillons suffisamment importantes pour aboutir à des conclusions cliniques suffisamment précises, qui vont alors permettre de contrôler les facteurs affectant la variabilité des microbiomes humains et donc aussi la variabilité des immunités.
Source: Frontiers in Cellular and Infection Microbiology 30 March 2023 DOI: 10.3389/fcimb.2023.1144254 Maternal vaginal microbiome composition does not affect development of the infant gut microbiome in early life
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