Cette équipe de l’University College London apporte à la preuve d’une association déjà bien documentée : être victime d'abus, de négligence ou de maltraitance durant l'enfance est associé à de multiples problèmes de santé mentale plus tard dans la vie. La recherche, publiée dans l'American Journal of Psychiatry, examine les processus qui corrèlent la maltraitance infantile et la santé mentale, confirmant une relation causale, tout en tenant compte des autres facteurs de risque possibles, génétiques et environnementaux.
Dans cette méta-analyse de 34 études, la maltraitance infantile a été définie comme tout abus ou négligence physique, sexuel ou émotionnel avant l'âge de 18 ans. L’analyse qui a impliqué plus de 54.000 participants permet de mieux corréler la cause et l'effet à partir de données d'observation, notamment via des échantillons de jumeaux identiques et le recours à des techniques statistiques innovantes permettant d’exclure d'autres facteurs de risque. Ainsi, à partir d’échantillons de jumeaux (génétiquement) identiques, si un jumeau maltraité a des problèmes de santé mentale mais que son jumeau non maltraité n'en a pas, l'association ne peut être attribuée à la génétique ou à l'environnement familial partagé entre les jumeaux et relève nécessairement de facteurs différents.
Un lien causal entre maltraitance et problèmes de santé mentale
La méta-analyse des 34 études identifie ainsi un impact de la maltraitance des enfants sur le développement de toute une gamme de problèmes de santé mentale, dont :
- les troubles d'intériorisation auxquels peuvent être associés la dépression, l'anxiété, l'automutilation et pensées les suicidaires ;
- les troubles d'extériorisation auxquels peuvent être associés l'abus d'alcool et de substance, le TDAH, d’autres troubles du comportement et la psychose.
- Ces effets sont constants quelle que soit la méthode utilisée ou la façon dont la maltraitance et la santé mentale ont été évaluées.
- Enfin, ces résultats suggèrent que la prévention de différents cas de maltraitance permettrait d’empêcher le développement de ces problèmes de santé mentale plus tard dans la vie.
« Notre analyse confirme un lien causal entre la maltraitance des enfants et des problèmes ultérieurs de santé mentale », conclut l’un des auteurs principaux, le Dr Jessie Baldwin de UCL Psychology & Language Sciences : « l’étude apporte des preuves rigoureuses suggérant que la maltraitance infantile exerce des effets causals sur les problèmes de santé mentale. Bien que modestes, ces effets de la maltraitance peuvent avoir des conséquences considérables dont le chômage, les problèmes de santé physique et une mortalité prématurée ».
Ces conclusions, et leurs auteurs, appellent donc à développer des interventions de prévention de la maltraitance essentielles pour le bien-être de l'enfant mais aussi celui de l’adulte en devenir.
La maltraitance n'est bien sûr pas le seul facteur : ce lien étant démontré, les auteurs précisent qu'une partie du risque global de problèmes de santé mentale chez les personnes exposées à la maltraitance est liée à d’autres vulnérabilités préexistantes dont un milieu socio-économique démuni et des facteurs génétiques. Ainsi, afin de réduire ce risque de problèmes de santé mentale chez les personnes exposées à la maltraitance, les médecins devraient aborder non seulement l'expérience de maltraitance, mais également les autres facteurs de risque psychiatriques préexistants.
Source: American Journal of Psychiatry 11 Jan, 2023 DOI: 10.1176/appi.ajp.20220174 Childhood maltreatment and mental health problems: A systematic review and meta-analysis of quasi-experimental studies
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