Si l’incidence du diabète gestationnel est en augmentation réelle, la plus grande partie de cette augmentation est liée au progrès du dépistage, conclut cette équipe de gynécologues et diabétologues de la British Columbia University (Canada). Une analyse, donc positive, publiée dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) et spécifique au Canada, engage néanmoins à vérifier, plus largement dans le monde, que cette augmentation des diagnostics est vraiment bénéfique pour les patientes et le système de soins de santé.
Au Canada, le taux de diabète gestationnel est ainsi passé de 4 % des accouchements en 2004 à 7 % en 2014 quelle que soit l’origine ethnique des femmes. L'augmentation peut être attribuée à une augmentation réelle de la condition, à un âge maternel plus avancé lors de la conception, à une réduction globale de la pratique de l’exercice, à une alimentation de moindre qualité, ou alors à un dépistage plus systématique. Il est essentiel de mieux comprendre les causes profondes de l'augmentation des diagnostics, c’est l’objet de cette étude canadienne.
Surdépistage et surdiagnostic ?
L’étude a analysé les données de plus de 550 000 grossesses intervenues en Colombie-Britannique de 2005 à 2019, les protocoles de dépistage et leurs taux de détection. L’analyse révèle que :
- au cours de la période d'étude, les diagnostics de diabète gestationnel ont doublé, passant de 7,2 % à 14,7 % ;
- l'augmentation est attribuable en grande partie due aux changements dans les pratiques de dépistage du diabète gestationnel, qui passent d’un protocole en 2 étapes à un processus en 1 étape, mais plus sensible ;
- une fois prise en compte cette augmentation directement liée au dépistage, les diagnostics de diabète gestationnel n’ont augmenté que de moins de 25 % au cours de la période d'étude de 15 ans. Ce qui reste néanmoins une augmentation substantielle.
«Ainsi, en dépit des inquiétudes légitimes selon lesquelles une proportion plus élevée de femmes enceintes avec IMC plus élevé, âge maternel plus avancé ou des facteurs de risque obstétricaux entraîne des taux plus élevés de diabète gestationnel, ces facteurs ne sont pas les seuls à contribuer à l'augmentation annuelle du diabète gestationnel », conclut l’auteur principal, le Dr Elizabeth Nethery, Chercheur à la School of Population and Public Health de l’Université de la Colombie-Britannique.
Sur-diagnostique-t-on ? Un diagnostic de diabète gestationnel affecte à la fois la patiente et le système de santé, nécessitant des changements de mode de vie, des rendez-vous médicaux supplémentaires et une surveillance pendant et après la grossesse. Les auteurs se posent la question du surdiagnostic dans leur région, alors qu’en 2017, la Colombie-Britannique affichait le taux le plus élevé de diabète gestationnel à 13,9 %, vs 9,0 % en population générale (canadienne).
Les chercheurs appellent donc à des directives plus fines sur les modes de dépistage pour disposer de bases plus précises pour comprendre l'incidence croissante du diabète gestationnel, mais plus largement de nombreuses maladies chroniques. Avec une préoccupation importante en Santé publique, s’assurer que toute augmentation des diagnostics est vraiment bénéfique pour les patientes et le système de santé.
Source: Canadian Medical Association Journal 20 Mar, 2023 DOI: 10.1503/cmaj.221404 The effect of changing screening practices and demographics on the incidence of gestational diabetes in British Columbia, 2005–2019
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