Des interactions sociales régulières, voire fréquentes constituent un facteur favorable à l'allongement de la durée de vie des personnes âgées, au même titre que la solitude est un facteur bien documenté de démence et de mortalité prématurée. C’est la démonstration de cette équipe de la Sichuan University, qui appelle les plus âgés à une activité sociale quotidienne, une socialisation fréquente étant la plus bénéfique.
En 2017, 962 millions de personnes dans le monde avaient plus de 60 ans et leur nombre devrait doubler d'ici 2050. Ainsi, le concept de vieillissement en bonne santé recueille aujourd’hui une attention considérable, impliquant non seulement les facteurs « classiques » d’un mode de vie sain, mais aussi, et de plus en plus, une vie sociale active.
Une étude a comparé les effets de la solitude à ceux du tabagisme et estimé l'effet moyen d'une interaction humaine à une augmentation de 50% de chances de « survie ». Une large et récente méta-analyse a dépeint l'isolement social et la solitude comme la prochaine grande menace en santé publique, au même titre que l'obésité. Rien de très surprenant, le lien social étant tout simplement un besoin humain fondamental. Le risque de mortalité prématuré, associé à l’isolement social, chez les plus âgés devient une préoccupation croissante en Santé publique, avec le vieillissement des populations. Les dernières données montrent que plus d'un quart de la population vit seule, plus de la moitié de la population n'est pas mariée, autant de facteurs d’aggravation de la solitude.
Cependant, les preuves des avantages pour la santé de la socialisation restent limitées. Pour tenter de combler ce manque, les chercheurs de regardent ici si la fréquence des interactions sociales est liée à la survie globale chez des personnes âgées (vivant en Chine).
L’étude a analysé les données de la Chinese Longitudinal Healthy Longevity Survey (CLHLS), une étude prospective représentative de la population âgée chinoise. Les données de fréquence des interactions sociales ont été collectées à partir de 2002, puis au cours de 5 vagues distinctes de collecte de données jusqu'en 2018-2019, pour un total de 28 563 participants âgés en moyenne de 89 ans. L’analyse révèle que :
- au cours des 5 premières années de l’étude, 25.406 participants ne s’engageaient dans aucune activité sociale, 1.379 : parfois, 693 : au moins une fois par mois, 553 au moins une fois par semaine et 532 presque quotidiennement ;
- durant le suivi de plus de 15 ans, 74 % des participants sont décédés, dont plus de 50 % au cours des 5 premières années ;
- une activité sociale plus fréquente s’avère fortement associée à une survie significativement plus longue ;
plus la fréquence des interactions sociales est élevée et plus la probabilité de vivre plus longtemps augmente ;
dans les 5 premières années, les taux de mortalité ont été estimés à
- 18,4 % pour les participants ne socialisant jamais ;
- 8,8 % pour ceux socialisant occasionnellement ;
- 8,3 % pour ceux socialisant au moins une fois par mois ;
- 7,5 % pour ceux socialisant au moins une fois par semaine ;
- 7,3 % pour ceux connaissant au moins une interaction sociale quotidienne.
Vs ceux qui ne socialisaient jamais, l’âge du décès est retardé de
- 42 % pour ceux qui socialisaient occasionnellement ;
- 48 % pour ceux qui socialisaient au moins une fois par mois ;
- 110 % pour ceux qui socialisaient au moins une fois par semaine ;
- de 87 % pour ceux qui socialisaient au moins une fois ou presque par jour. s. par rapport à
- Un effet de seuil : seule la socialisation presque quotidienne apparaît associée à une survie significativement plus longue dans ce groupe de personnes âgées.
Les facteurs associés à une plus grande activité sociale sont : le sexe masculin, un âge plus jeune, un niveau d'éducation plus élevé, le mariage, le fait de vivre dans une ville et/ou avec des parents et une bonne santé réelle ou auto-évaluée. Arès prise en compte de l’âge, l'activité sociale apparaît encore plus fortement associée à une survie prolongée au cours des 5 premières années pour les personnes les plus âgées, ce qui suggère que
les stratégies visant à promouvoir une vie sociale active chez les plus âgés doivent être encouragées.
Si cette étude observationnelle ne démontre pas la relation de cause à effet, il est clair que les interactions sociales sont favorables à des comportements plus sains, comme la pratique plus fréquente de l’activité physique et une meilleure alimentation.
La socialisation peut également atténuer l'impact des facteurs de stress, ajoutent les chercheurs.
Source: Journal of Epidemiology & Community Health 6 March, 2023 DOI: 10.1136/jech-2022-219791 Association between social activity frequency and overall survival in older people: results from the Chinese Longitudinal Healthy Longevity Survey (CLHLS)
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