Une psychologie positive à l’adolescence fait la santé cardio-métabolique à l’âge adulte : se sentir aimé, optimiste ou heureux à l’adolescence conduit généralement à de meilleurs résultats de santé à l’âge adulte, conclut cette équipe de psychologues et de cardiologues de Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health. Ces données, présentées dans le Journal of the American Heart Association (JAHA) sensibilise au caractère critique de cette fenêtre de l’adolescence dont a « réussite » conditionne la santé – notamment cardio-métabolique- à l’âge adulte.
En pratique, les adolescents qui déclarent de l’optimisme, du bonheur, de l’estime de soi, de « l’appartenance sociale » et de l’amour sont plus susceptibles d’atteindre le début de l’âge adulte en bonne santé cardio-métabolique. Cette association s’avère particulièrement forte chez les jeunes des minorités ethniques. L’implication ? Favoriser ces traits psychologiques positifs chez les adolescents contribue à la prévention des maladies cardio-métaboliques à l’âge adulte.
De précédentes études avaient montré que les caractéristiques psychologiques associées au bien-être mental, dont l’optimisme et le bonheur, constituent des facteurs modifiables liés à une meilleure santé cardio-métabolique au fil du temps. Si la plupart de ces recherches ont été menées auprès de personnes âgées, cette étude s’est concentrée plutôt chez les jeunes adultes, tout en prenant en compte des indicateurs comme la glycémie et l’inflammation.
L’étude a examiné les données de la National Longitudinal Study of Adolescent Health, menée auprès de près de 3.500 lycéens âgés en moyenne de 16 ans en 1994 et suivis pendant plus de 20 ans. L’étude a recueilli régulièrement les données de santé et de bien-être des participants, la dernière fois en 2018, alors que les participants étaient âgés en moyenne de 38 ans. L’analyse identifie :
5 atouts de santé mentale liés à de meilleurs résultats cardiométaboliques :
- l’optimisme,
- le bonheur,
- l’estime de soi,
- le sentiment d’appartenance sociale,
- le sentiment d’être aimé.
Ces informations ont été rapprochées des données de santé enregistrées sur 3 décennies pour vérifier que les adolescents qui avaient plus de ces atouts positifs étaient plus susceptibles de maintenir une santé cardio-métabolique optimale à l’âge adulte. La santé cardio-métabolique était évaluée par les mesures de
7 facteurs de risque cardio-métabolique recueillis lors de consultations d’évaluation entre les âges de 20 et 30 ans :
- les lipoprotéines de haute densité (HDL), ou « bon » cholestérol ;
- cholestérol non HDL – calculé comme le cholestérol total moins le cholestérol HDL ;
- tension artérielle systolique (chiffre du haut);
- tension artérielle diastolique (chiffre du bas);
- hémoglobine A1c, comme mesure de la glycémie ;
- protéine C-réactive, comme mesure de l’inflammation;
- indice de masse corporelle (IMC) comme mesure de la graisse corporelle.
L’analyse confirme que :
- 55 % des jeunes participants présentaient de 0 à 1 trait positif en matière de santé mentale ;
- 29 % 2 à 3 atouts ;
- 16 % 4 à 5 atouts.
- Seuls 12% des participants, une fois jeunes adultes ont maintenu une bonne santé cardio-métabolique ;
- ce taux s’avère plus faible au sein des jeunes adultes appartenant aux minorités ethniques ;
- les jeunes participants ayant 4 à 5 traits psychologiques positifs s’avèrent 69 % plus susceptibles de maintenir une bonne santé cardio-métabolique à l’âge adulte ;
- la psychologie est corrélée de manière dose-dépendante à la santé cardio-métabolique plus tard dans la vie, en d’autres termes, plus de traits psychologiques positifs à l’adolescence induisent une meilleure santé cardio-métabolique à l’âge adulte ;
- chaque trait positif supplémentaire en santé mentale confère une probabilité 12 % plus élevée d’avoir une bonne santé cardio-métabolique.
Ces conclusions reposent la question de l’impact de la discrimination et d’autres facteurs de risques sociaux auxquels les jeunes des minorités sont confrontés et qui pourrait contribuer à expliquer les taux élevés de maladies cardio-métaboliques relevés dans ces groupes. Le message principal est donc de
« faire progresser l’équité en santé »,
rappelle l’auteur principal, le Dr Farah Qureshi, professeur à la Johns Hopkins.
Au-delà de cette corrélation psychologie à l’adolescence et santé cardio-métabolique à l’âge adulte, l’étude sensibilise au fait que l’absence d’atouts psychologiques à l’adolescence était particulièrement néfaste pour la santé des jeunes des minorités. « Ces jeunes, quels que soient leurs atouts psychologiques, font face à de nombreux obstacles pour atteindre et maintenir une santé cardio-métabolique optimale à l’âge adulte », ajoutent les chercheurs.
C’est un appel à davantage d’investissements dans la santé mentale des jeunes les plus défavorisés pour faire progresser l’équité en matière de santé.
Source: Journal of the American Heart Association (JAHA) Jan, 2023 DOI:10.1161/JAHA.122.026173 Adolescent Psychological Assets and Cardiometabolic Health Maintenance in Adulthood: Implications for Health Equity
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