Au cours de ces 3 dernières années, la prévalence élevée d’effets durables de l’infection par le SRAS-CoV-2, ou COVID Long est devenue de plus en plus évidente, et nos systèmes de santé doivent se préparer à faire face à ces symptômes aux degrés de sévérité très variables. Au fur et à mesure que les données épidémiologiques s’accumulent, il semble que le long COVID soit un grave problème de santé publique qui ne disparaîtra pas de sitôt. Ces experts tentent aujourd’hui, avec un peu plus de recul, de préciser le tableau clinique du COVID long.
Le COVID long se réfère généralement à une gamme de symptômes persistants ou nouveaux qui restent présents plus de 4 semaines après l’infection initiale. En partie à cause des variations cliniques importantes selon les patients, il a fallu du temps à la communauté médicale pour reconnaître cette condition spécifique et un code a été mis en place : « Post-COVID-19 condition ».
Ce code permet aux patients d’être formellement diagnostiqués avec un COVID long par un médecin et ce diagnostic peut désormais être entré dans les systèmes de dossiers de santé électroniques (DSE).
Plus de 4 semaines après l’infection initiale
Le Dr Peter Robinson, du Jackson Laboratory (JAX, Main) et son équipe ont justement analysé les données des DES de patients, diagnostiqués avec COVID long, dans le cadre du National COVID Cohort Collaborative (N3C). Grâce à ce code de diagnostic, l’équipe a pu analyser les données cliniques des patients diagnostiqués avec COVID long et définir ainsi plus précisément les caractéristiques de cette nouvelle condition. L’équipe a également regardé s’il devenait possible d’identifier plusieurs sous-types de la maladie.
La définition de sous-types distincts de COVID long : l’analyse a porté sur les données de 20.532 patients diagnostiqués en situation post-COVID-19, ces participants ayant été sélectionnés à partir d’une base de données en comportant plus de 5,4 millions. Le COVID long a été précisément défini comme présent au moins 28 jours après la première date de COVID-19 notée pour les patients COVID suivis en ambulatoire et 28 jours après la fin de l’hospitalisation pour les patients COVID hospitalisés. L’équipe a pris en compte les résultats cliniques de ces patients, développé un algorithme de calcul et ont pu
regrouper ainsi les patients en 6 clusters,
chacun représentant un sous-type de COVID long distinct, soit :
- multi-système + laboratoire (associé à une infection initiale sévère et à une fréquence élevée de symptômes multiples : neuropsychiatriques, pulmonaires, constitutionnels (par exemple, fatigue générale), cardiovasculaires et vertiges ainsi qu’anomalies des tests de laboratoire) ;
- hypoxémie et toux ;
- neuropsychiatrique (maux de tête, insomnie, dépression, troubles du mouvement);
- Cardiovasculaire ;
- Douleur/fatigue ;
- Douleur multi-système (similaire à 1 mais sans les anomalies aux tests de laboratoire).
À chaque groupe sont également associés des facteurs privilégiés de tranche d’âge, sexe, origines ethniques, comorbidités et antécédents de santé.
Des mécanismes sous-jacents variables selon les patients : l’analyse suggère ainsi que des processus différents peuvent mener aux différents sous-types de COVID long, selon les résultats et les antécédents de santé des patients.
La prochaine étape sera donc probablement de définir des sous-cohortes afin de tester et identifier des thérapies candidates mieux ciblées pour chaque sous-type. Selon ces experts, il est clair qu’une stratification des patients COVID de longue durée s’impose pour un traitement efficace, car apparaît peu probable qu’une approche unique puisse répondre à tous les sous-types.
Ces 6 sous-types distincts vont donc aider à stratifier les patients et éclairer les stratégies de traitement.
Source: EBioMedicine Jan, 2023 DOI : 10.1016/j.ebiom.2022.104413 Generalisable long COVID subtypes: findings from the NIH N3C and RECOVER programmes
Plus sur le COVID long
Laisser un commentaire