« Les femmes âgées sont-elles sur-dépistées pour le cancer du col de l'utérus ? », s’interroge cette équipe de gynécologues de l’Université de l’Illinois à Chicago. L’examen des taux d’incidence chez les femmes âgées de plus de 65 ans suggère que chez ce groupe de femmes et sauf risque élevé, ces dépistages du cancer du col de l'utérus pourraient être inutiles. L’équipe appelle dans le JAMA Internal Medicine à davantage de données de santé publique pour soutenir ce dépistage du cancer chez ce groupe de femmes plus âgées.
« Le dépistage du cancer du col de l'utérus et d'autres actes de prévention sont excessivement importants pour favoriser un vieillissement en bonne santé cependant les dépistages doivent suivre des directives fondées sur des preuves pour éviter des dépenses excessives, des complications possibles avec les surdiagnostics et les surtraitements ainsi que pour préserver la qualité de vie des patients », explique l’un des auteurs, le Dr Hunter Holt, professeur de médecine familiale et communautaire à l'Université de l'Illinois à Chicago.
« Le dépistage du cancer repose sur une analyse minutieuse du rapport bénéfice-risque », souligne un autre auteur, le Dr George Sawaya, professeur d'obstétrique, de gynécologie et de sciences de la reproduction à l'Université de Californie à San Francisco.
Une pertinence clinique incertaine ?
Les lignes directrices : Selon les recommandations de l'U.S. Preventive Services Task Force, de l'American Cancer Society et de l'American College of Obstetrics and Gynecology, les femmes considérées comme présentant un risque moyen peuvent cesser de subir ce dépistage systématique du cancer du col de l'utérus une fois qu'elles ont atteint l'âge de 65 ans si elles ont fait l'objet de dépistages préalables réguliers et normaux.
Cependant, il reste nécessaire de réexaminer régulièrement cette décision de mettre fin au dépistage du cancer du col de l'utérus après 65 ans. Les chercheurs soulignent notamment que les taux élevés de dépistage chez les femmes âgées sont préoccupants : « Il se peut que de nombreuses femmes se fassent dépister alors qu'elles n'en ont pas besoin, ou que ces femmes soient considérées comme présentant un risque supérieur à la moyenne, par exemple, parce qu'elles n'ont pas été suffisamment dépistées avant 65 ans ».
L’étude a examiné les données des demandes d'assurance-maladie de 1999 à 2019 pour les soins des femmes âgées de 65 ans et plus. L’analyse révèle des données précieuses :
- en 2019, plus de 1,3 million de femmes âgées de plus de 65 ans, ont passé un dépistage du cancer du col de l'utérus, tels qu'un test Pap, une colposcopie et d'autres procédures cervicales ;
- ainsi, environ 3 % des femmes âgées de plus de 80 ans ont reçu au moins un acte lié au dépistage- ce qui pourrait suggérer « un surdépistage », écrivent les auteurs ;
- les femmes blanches étaient plus susceptibles de passer ce dépistage après 65 ans ;
- le taux de test Pap chez les femmes de plus de 65 ans est passé de 19 % (2,9 millions de femmes) en 1999 à 9 % (1,3 million de femmes) en 2019, soit une réduction de 55 % ;
- les taux de colposcopie et d'interventions cervicales ont diminué de 43 % et 64 %, respectivement ;
- cependant, les femmes de plus de 65 ans représentent toujours environ 20 % des diagnostics et 36 % des décès dus au cancer du col de l'utérus.
Ces experts ne tranchent donc pas sur l’opportunité de revoir les directives pour le dépistage du cancer du col de l’utérus. Leur analyse souligne à nouveau l’importance de dépistages réguliers jusqu’à l’âge de 65 ans, suggérant que de nombreux cas diagnostiqués au-delà de cet âge pourraient être corrélés à une mauvaise observance des dépistages, précédemment et tout au long de la vie.
Source: JAMA Internal Medicine 21 Nov, 2022 DOI: 10.1001/jamainternmed.2022.5261 Use Trends and Recent Expenditures for Cervical Cancer Screening–Associated Services in Medicare Fee-for-Service Beneficiaries Older Than 65 Years
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