Alors que le vieillissement peut favoriser la perte de masse et de force musculaire, jusqu’à la sarcopénie et la dypénie, le décryptage, par ces scientifiques de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), de ce rôle clé des céramides pourrait changer la donne. Ces travaux, présentés dans la revue Nature Aging, engagent au développement de médicaments capables d’éliminer l’excès de céramides qui participe au vieillissement du muscle.
Au cours du vieillissement, les souris, comme les humains, deviennent moins actives et perdent de la masse et de la force musculaires. L’équipe de l’EPFL révèle que lorsque les souris vieillissent, leurs muscles « se bourrent de céramides ». Ces céramides, déjà connus pour leur utilisation dans les produits de soin de la peau, sont des sphingolipides, une classe de molécules de graisse qui ne sont pas utilisées pour produire de l'énergie mais pour effectuer différentes fonctions clés dans la cellule.
« Ces sphingolipides constituent une classe de graisses complexe mais très intéressante,
à fort potentiel dans le vieillissement, en raison de leurs nombreuses fonctions », explique le Dr Pirkka-Pekka Laurila, médecin et auteur principal de l'étude.
L’étude révèle en effet, durant que le vieillissement, des niveaux extrêmement élevés de certaines protéines dont SPT et d'autres, toutes nécessaires pour convertir les acides gras et les acides aminés en céramides. Les scientifiques ont ensuite regardé si la réduction de cette surcharge en céramides permettait de prévenir le déclin de la fonction musculaire lié à l'âge.
- Chez des souris âgées traitées avec des bloqueurs de céramides la perte de masse musculaire est très réduite au cours du vieillissement. Ces souris gagnent en force, parcourent de plus longues distances et leur coordination est améliorée.
Le mécanisme « des céramides » décrypté : pour étudier cet effet, les scientifiques ont mesuré chaque produit génique connu dans le muscle en par séquençage d'ARN. Ils comprennent que le blocage de la production de céramides active les cellules souches musculaires, ce qui fait que les muscles accumulent plus de protéines et déplacent le type de fibre vers la glycolyse à contraction rapide pour produire des muscles plus gros et plus forts chez les souris âgées.
Et chez l’Homme aussi : la réduction des céramides dans les muscles s’avère également chez l'Homme. L’évaluation de milliers d'hommes et de femmes âgés révèle ainsi que 25 % possèdent une forme particulière d'un gène qui réduit les produits géniques des voies de production de sphingolipides dans les muscles. Les personnes qui portent cette forme de gène réduisant les céramides conservent des capacités motrices intègres plus longtemps, restent plus fortes et plus agiles, et globalement bénéficient d’un vieillissement en bonne santé. En d’autres termes, le mécanisme révélé chez la souris semble également applicable aux humains.
Des implications cliniques : la découverte est très importante « car elle nous incite fortement à développer des inhibiteurs et à lancer des essais cliniques chez l'Homme ».
Source: Nature Aging 16 Dec, 2022 DOI:10.1038/s43587-022-00309-6 Sphingolipids accumulate in aged muscle, and their reduction counteracts sarcopenia
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