C’est ce que suggère cette étude, qui dans le même temps souligne l’importance d’un contrôle régulier de la pression artérielle, en particulier chez les personnes déjà diagnostiquées avec une pression élevée. La condition n’entraîne donc pas uniquement des effets sur la santé cardiovasculaire et physique, mais pourrait, de manière chronique, induire aussi, chez certains patients des troubles de la santé mentale, dont des troubles anxieux, des symptômes dépressifs et névrotiques et, plus largement une réduction significative du sentiment de bien-être.
L'hypertension artérielle (HTA) est un risque majeur et bien documenté de maladie cardiovasculaire mais de précédentes études ont également suggéré que l’HTA peut être associée à des facteurs psychologiques, tels que l'anxiété, la dépression et le névrosisme, un trait de personnalité caractérisé par une prévalence des émotions négatives.
C’est la première étude, observationnelle, à associer une pression artérielle trop élevée à un trait de personnalité névrotique. Ses conclusions, publiées dans la revue General Psychiatry, constituent une nouvelle motivation à « la garder sous contrôle ». C’est précisément ici la pression artérielle diastolique (la plus basse des 2 mesures de la pression artérielle) qui s’avère associée au trait de personnalité névrotique.
Pression artérielle trop élevée et personnalité névrotique
L’étude est basée sur la randomisation mendélienne qui utilise ici des variantes génétiques comme « proxy » pour un facteur de risque particulier, ici la pression artérielle afin d’identifier des preuves génétiques à l'appui d'une relation causale. La technique est particulièrement adaptée à l’association recherchée, alors qu’entre 30% et 60% de la pression artérielle est liée à des facteurs génétiques, et plus de 1.000 polymorphismes génétiques de nucléotides simples, ou SNP, y sont associés. Les SNP peuvent ainsi permettre de prédire la susceptibilité des sujets aux facteurs environnementaux et le risque de développer des maladies. L’analyse a porté sur 8 ensembles de données d'études à grande échelle comportant les données génomiques des participants, extraites d'échantillons de sang. Elle révèle que :
- l'hypertension artérielle et la pression artérielle diastolique ont des effets causals significatifs sur le névrosisme, mais pas sur l'anxiété, les symptômes dépressifs ou le bien-être subjectif ;
- cependant après ajustement pour plusieurs facteurs, seule la pression artérielle diastolique s’avère significativement associée au névrosisme (plus de 90%) et sur la base de 1074 SNP associés à ce trait.
Si ces conclusions doivent encore être confirmées par d’autres études menées avec d'autres méthodologies, il est clair que la pression artérielle impacte à la fois le cerveau et le cœur et peut donc avoir un effet sur les traits de personnalité, expliquent les chercheurs.
Le lien suggéré ici entre pression artérielle et santé mentale n’est pas anodin : « Les sujets au névrosisme peuvent être excessivement sensibles à la critique des autres, autocritiques et développer facilement de l'anxiété, de la colère, de l'inquiétude, de l'hostilité ainsi qu’une dépression ».
Surveiller sa tension, c’est aussi protéger son mental.
Source: General Psychiatry 22 Nov, 2022 DOI: 10.1136/gpsych-2022-100877 Investigating genetic causal relationships between blood pressure and anxiety, depressive symptoms, neuroticism and subjective well-being
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