Comment le régime alimentaire occidental et les bactéries intestinales peuvent entraîner des cicatrices et des lésions vasculaires, ces signes caractéristiques de sclérodermie, une maladie auto-immune rare et complexe ? C’est l’objet de cette étude expérimentale menée à l’Université du Michigan, qui identifie un métabolite déterminant dans le développement de la maladie, également lié aux maladies cardiovasculaires et métaboliques.
La sclérodermie est une maladie auto-immune rare qui touche de 1 à 9/100.000 personnes et qui entraîne un dérèglement du système immunitaire, une inflammation systémique et des troubles microvasculaires.
La recherche suggère qu’une substance particulière, produite par des bactéries intestinales, pourrait être en cause dans ces cicatrices ou fibrose et plus largement dans les dommages vasculaires observés chez les patients atteints de sclérodermie.
De précédentes études ont déjà suggéré que le microbiome intestinal régule l'immunité et que ses altérations ou sa dysbiose peuvent jouer un rôle dans le développement des maladies auto-immunes telles que la sclérodermie.
Des altérations du microbiome qui contribuent à la sclérodermie
Ces altérations du microbiote intestinal qui favorisent la fibrose et les dommages vasculaires caractéristiques de la sclérodermie, pourraient être causées par un composé généré par le microbiome intestinal appelé TMAO (triméthylamine-N-oxyde), capable de provoquer des changements dans les processus cellulaires qui déclenchent la fibrose, l'inflammation et les lésions vasculaires.
Le TMAO est un composé, sanguin, qui se forme dans le foie après que l'intestin ait métabolisé des nutriments tels que la choline et la carnitine, qui sont abondants dans le régime alimentaire occidental riche en viande. Le TMAO peut reprogrammer les cellules en myofibroblastes formant des cicatrices, une fibrose et des lésions vasculaires. Il se trouve enfin que l'enzyme FMO3, responsable de la formation de TMAO, se retrouve à des niveaux élevés chez les patients atteints de sclérodermie.
Un nouveau mécanisme est ainsi décrypté qui relie le régime alimentaire occidental, le microbiome intestinal et certains des principaux effets dévastateurs de la sclérodermie. L’auteur principal, le Dr John Varga, M.D., chef de Service rhumatologie du Michigan Health conclut :
« nous allons maintenant examiner si des médicaments ou des produits alimentaires comme l'huile d'olive vierge peuvent être utilisés et efficaces pour bloquer la formation de ce composé dans l'intestin et prévenir la fibrose ».
Source : iScience Jun, 2022 DOI : 10.1016/j.isci.2022.104669 Gut microbe-derived metabolite trimethylamine N-oxide activates PERK to drive fibrogenic mesenchymal differentiation
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