Cette équipe de virologues de l’University of Washington School of Medicine apporte, avec ces travaux publiés dans la revue Science, de nouvelles connaissances sur les réponses des anticorps aux différents variants d'Omicron. L'équipe internationale examine ici plusieurs aspects des effets de l'exposition à des formes antérieures de l'antigène de pointe du SRAS-CoV-2 sur la réaction du système immunitaire aux variantes d'Omicron. Ces travaux identifient notamment un anticorps neutralisant pan-variant et ultrapuissant contre les derniers variants.
Alors que de récentes études documentent la capacité d’échappement immunitaire de ces variants émergents d'Omicron, en particulier « BA.2.75.2 », qui devrait circuler largement cet hiver, que cet échappement immunitaire confère une capacité de résistance hors pair aux anticorps neutralisants dans le sang ainsi qu’à plusieurs traitements antiviraux par anticorps monoclonaux, il est urgent de préciser les réponses des anticorps à ces virus circulants. En particulier, savoir dans quelle mesure la vaccination contre une souche de SRAS-CoV-2 (avec ou sans infection antérieure) contrecarre l'infection par une souche émergente est une question vitale. Les réponses pourraient guider les stratégies pour continuer à maîtriser la pandémie de COVID, alors même que le coronavirus regagne actuellement du terrain.
Une reprise flagrante des réinfections
Les variants Omicron du virus SARS-CoV-2 sont apparus fin 2021 et présentent des différences génétiques marquées, par rapport à la souche d’origine SARS-CoV-2. Les nombreuses mutations distinctes de leur machinerie d'infection leur permettent d'échapper aux anticorps conférés par la série originale de vaccins, par les antécédents d'infection « naturelle » ou de la combinaison de ces 2 formes d’exposition.
Les anticorps sont des protéines immunitaires, rappellent les chercheurs, qui reconnaissent de minuscules entités étrangères, comme les virus, puis les neutralisent en s'accrochant à l'envahisseur. De précédentes études de la même équipe avaient noté que la variante BA.1 Omicron constituait un changement antigénique majeur en raison de l'ampleur sans précédent de l'évasion immunitaire associée. Ils avaient alors identifié que des mutations dans 2 des principales cibles d'anticorps du virus pouvaient expliquer cette réduction sans précédent de la capacité de neutralisation des anticorps contre ces variants. Une réduction de protection tout particulièrement préoccupante chez les personnes n’ayant pas reçu de doses de rappel.
« En conséquence, un nombre croissant de réinfections se produisent »,
écrivent les auteurs, « même si ces cas ont tendance à être plus bénins que chez les sujets immunologiquement naïfs ».
La capacité d'échappement conférée par les mutations de ces nouveaux variants contribue à expliquer pourquoi la plupart des thérapies par anticorps monoclonaux administrées aux patients en clinique sont aujourd’hui beaucoup moins efficaces.
Un anticorps neutralisant pan-variant et ultrapuissant : c’est la découverte notable de cette étude, cet anticorps neutralisant pan-variant et ultrapuissant, nommé S2X324, dont la capacité protectrice ne semble affectée par aucune des variantes d'Omicron testées. Les auteurs montrent que cet anticorps monoclonal empêche la liaison au récepteur sur les cellules hôtes que le coronavirus pandémique réquisitionne habituellement. Parmi leurs principales conclusions :
- la combinaison de cet anticorps avec d'autres anticorps, sous forme d’un « cocktail » de médicaments pourrait contribuer à réduire sérieusement le risque que le virus devienne résistant au traitement.
- les rappels de vaccins et l'immunité hybride (acquise par des antécédents d'infection et de vaccination) induisent tous deux des anticorps neutralisants dans le sang contre Omicron BA.1, BA.2, BA.2.12.1 et BA.4 /5 ;
- les personnes qui ont eu une infection « de percée » soit post-vaccination ont également produit des anticorps neutralisants contre ces variantes dans le mucus qui tapisse l'intérieur de leur nez ;.
- les personnes qui n'ont reçu que le vaccin n'ont pas généré d'anticorps dans leur muqueuse nasale.
Pris ensemble, ces résultats soutiennent les efforts visant à développer des vaccins COVID de nouvelle génération qui pourraient être administrés par voie intranasale, car le nez est bien la porte d’entrée du virus.
Enfin, ces travaux nous apprennent que les réponses des anticorps au coronavirus pandémique suivent un schéma similaire à la façon dont le système immunitaire répond aux variations du virus de la grippe. Ce phénomène d’empreinte immunitaire se traduit par une préférence de la réponse immunitaire pour le rappel des cellules B mémoire existantes spécifiques contre des parties du virus présentes dans une souche à laquelle un individu a été précédemment exposé, plutôt que par la production de nouvelles cellules B mémoire ciblant les différences présentes dans de nouvelles variantes.
Source: Science 20 Oct, 2022 DOI: 10.1126/science.adc9127 Imprinted antibody responses against SARS-CoV-2 Omicron subvariants
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