Si le concept de « routine » peut sembler à première vue en contradiction avec celui de « jeunesse », chez les plus âgés cependant, une « routine d’activité » permet de maintenir, avec l'âge, une meilleure santé cognitive. Alors que les contraintes s’effacent un peu plus avec l’âge, un programme régulier d’activités, mêmes répétitives, aide les personnes âgées à rester actives tout au long de la journée. L’équipe d’épidémiologistes et de psychiatres de l’Université de Pittsburgh montre même, dans le JAMA Psychiatry que les personnes plus âgées qui suivent des routines d'activité régulières sont plus heureuses et réussissent mieux aux tests cognitifs.
Ainsi, les modèles d'activité et pas seulement la durée et l'intensité de l'activité au cours de la journée, se révèle un facteur important pour un vieillissement en bonne santé et notamment, en bonne santé cognitive et mentale. Un principe qui rejoint celui du respect de l’horloge biologique.
L’auteur principal, le Dr Stephen Smagula, professeur de psychiatrie à la « Pitt » ajoute : « il y a quelque chose dans le fait de commencer sa journée tôt, de rester actif et de suivre la même routine chaque jour qui semble protéger les personnes âgées. Ce qui est excitant dans ce résultat, c'est que les modèles d'activité sont le résultat d’un choix, ce qui suggère qu’améliorer volontairement sa routine quotidienne permet d’améliorer sa santé, son bien-être et sa qualité de vie ».
Modèle d’activité et santé mentale
L’étude : il s’agit donc d’une des premières études épidémiologiques sur les habitudes et les modèles d'activité quotidienne des personnes âgées basées et leurs liens avec la santé mentale et la cognition. L’étude est menée auprès de 1.800 personnes âgées de plus de 65 ans équipées d’accéléromètres durant 7 jours, afin de mesurer leur activité et de dessiner les principaux modèles d’activité au cours de la journée. Ces données ont été rapprochées des symptômes de dépression et de scores aux tests cognitifs. L’analyse constate que :
- 37,6 % des participants se lèvent tôt le matin, restent actifs tout au long de la journée et suivent des routines quotidiennes régulières ; ces participants restent actifs environ 15 heures par jour et ont également tendance à suivre le même schéma jour après jour ;
- ces mêmes participants apparaissent plus heureux, moins déprimés et obtiennent de meilleurs scores aux tests cognitifs ;
- 32,6 % des participants suivent également des habitudes quotidiennes régulières mais ne restent actifs que durant une moyenne de 13 heures par jour, parce qu'ils se lèvent plus tard le matin ou se couchent plus tôt le soir. Ce groupe présente plus de symptômes de dépression et une cognition plus faible que les « lève-tôt » ;
- ces résultats valent quelle que soit l'intensité des activités pratiquées ; « vous n'avez pas besoin de courir mais simplement de rester engagé dans vos activités tout au long de la journée », commentent les auteurs ;
- les 29,8 % de participants restants suivent des schémas d'activité irréguliers d'un jour à l'autre. Ils présentent les taux de dépression les plus élevés et les scores les plus faibles aux tests cognitifs.
Une relation bidirectionnelle : la relation entre la santé mentale et les schémas d'activité va probablement dans les deux sens : la dépression ou les troubles cognitifs peuvent rendre plus difficile le suivi d'une routine cohérente, et inversement, un rythme d'activité perturbé peut aggraver ces symptômes. Ensuite, la perturbation du modèle d'activité est très courante avec l’âge et donc associée à des problèmes de santé.
La bonne nouvelle est que
une routine simple avec des habitudes d'activité régulières peut maintenir la santé.
L’équipe travaille aujourd’hui à des interventions permettant de modifier les comportements de manière à stimuler la cognition et améliorer la santé mentale des personnes âgées. Car la condition est aussi de parvenir à un programme réaliste pour rester actif toute la journée. Un objectif qui peut en réalité être très difficile pour les personnes en perte de mobilité ou d’autonomie…
Dans le cadre de ces interventions, les repères temporels, qui aident à régler l'horloge interne du corps, peuvent également aider à créer une routine stable. Ceux-ci incluent la lumière du soleil, l'exercice et l'alimentation.
Source: JAMA Psychiatry Aug, 2022 DOI : 10.1001/jamapsychiatry.2022.2573 Association of 24-Hour Activity Pattern Phenotypes With Depression Symptoms and Cognitive Performance in Aging
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