Le goutteux, l’hyperuricémique d’aujourd’hui, est un patient multirisque : HTA, infarctus, diabète, insuffisance rénale ont déjà été associés à la goutte. Cette équipe de l’Université de Nottingham associe aujourd’hui les poussées de goutte aux crises cardiaques et aux accidents vasculaires cérébraux (AVC). Des données publiées dans le Journal of American Medical Association (JAMA) qui incitent les personnes souffrant de la maladie à adopter un régime favorable à la prévention du risque cardiovasculaire.
La goutte est un rhumatisme inflammatoire qui provoque des douleurs et un gonflement des articulations. En cause, l’acide urique produit par le corps lors du processus de décomposition des purines, des substances naturelles présentes dans les cellules du corps et dans la plupart des aliments. Ces niveaux de purine sont particulièrement élevés dans la viande, les fruits de mer et l’alcool. Résultat d’une accumulation de cristaux d’acide urique dans l’articulation, la goutte affecte souvent le gros orteil, mais peut affecter des articulations plus importantes, comme le genou. Déjà associée dans l’histoire à l’art de vivre et de manger, la goutte est liée à l’obésité, la consommation excessive d’alcool, mais aussi à la prise de diurétiques en traitement de l’hypertension artérielle.
Les chercheurs de Nottingham en collaboration avec leurs collègues de Keele, ont découvert que le risque de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux augmente temporairement dans les 4 mois qui suivent une poussée de goutte.
Le risque cardiovasculaire grimpe dans les semaines qui suivent la poussée de goutte
L’étude a analysé les données de 62.574 participants atteints de goutte dont 10.475 ont subi une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral après leur diagnostic de goutte. Les chercheurs ont donc pu évaluer l’association entre les crises cardiaques ou les accidents vasculaires cérébraux et les récentes poussées de goutte et ont ajusté ces résultats en fonction des comorbidités, des critères socio-économiques, des facteurs liés au mode de vie et des traitements suivis, entre autres. L’analyse révèle que :
- les patients atteints de goutte qui ont subi une crise cardiaque ou un AVC sont 2 fois plus susceptibles d’avoir eu une poussée de goutte dans les 60 jours précédant l’événement, et une fois et demie, plus susceptibles d’avoir une poussée de goutte dans les 61 à 120 jours précédents ;
- les incidences de crises cardiaque et d’AVC sont identiques chez les seuls patients ayant consulté pour une seule poussée de goutte et qui ont également subi une crise cardiaque ou accident vasculaire cérébral : cela suggère que
- les poussées de goutte induisent une augmentation transitoire des événements cardiovasculaires;
- enfin, les patients goutteux décédés d’une crise cardiaque ou d’un accident vasculaire cérébral avaient plus de quatre fois plus de risque d’avoir subi une poussée de goutte au cours des 0 à 60 jours précédents et plus de 2 fois plus de probabilité d’en avoir subi une au cours des 61 à 120 jours précédents.
Quels mécanismes en cause ?
Les patients atteints de goutte ont en général plus de facteurs de risque cardiovasculaire, cependant la corrélation entre la maladie et ces facteurs de risque reste mal comprise.
À des niveaux élevés, l’acide urique se dépose dans et autour des articulations sous forme de cristaux d’urate en forme d’aiguille. Une fois libérés de leurs dépôts, ces cristaux provoquent une inflammation sévère se manifestant par des douleurs articulaires, un gonflement, une rougeur et une sensibilité qui durent souvent 1 à 2 semaines. Ces épisodes, appelés poussées de goutte, se reproduisent régulièrement. Les chercheurs suggèrent que l’inflammation pèse dans le risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral.
L’auteur principal, le professeur Abhishek résume : « les poussées de goutte sont associées à une augmentation transitoire des événements cardiovasculaires après les poussées. Les personnes souffrant de poussées de goutte récurrentes devraient consulter et être traitées à long terme avec des médicaments hypouricémiants tels que l’allopurinol et anti-inflammatoires tels que la colchicine pendant les mois, qui suivent les poussées de goutte ».
Enfin, ces patients sont également invités à adopter un mode de vie sain avec un traitement approprié en cas de comorbidités telles que l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, l’obésité et le diabète, afin de mieux contrôler ce risque d’événement cardiovasculaire.
Source: JAMA 2 Aug, 2022 DOI: 10.1371/journal.pbio.3001704 Association Between Gout Flare and Subsequent Cardiovascular Events Among Patients With Gout
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