De précédentes études ont suggéré que les femmes pourraient avoir plus de facilité à arrêter et que certaines hormones peuvent affecter la dépendance au tabac. En synchronisant les tentatives d’arrêt du tabac avec les niveaux d’hormones, cette équipe de l’Université de Caroline du Sud (MUSC) pense possible d’améliorer le taux de succès du sevrage tabagique. L’équipe analyse ici, dans la revue Nicotine & Tobacco Research, l’effet de la progestérone sur les tentatives d’arrêt du tabac.
Si ses effets dramatiques commencent à être bien connus, le tabagisme reste la principale cause de décès évitable. On sait également que les femmes sont plus susceptibles d’arrêter mais aussi de rechuter. Une cause possible a été évoquée, les niveaux de progestérone.
La progestérone est une hormone stéroïde, ou messager chimique, présente dans le corps des hommes et des femmes, mais elle est présente à des niveaux plus élevés chez les femmes et est libérée dans la seconde moitié du cycle menstruel. Les chercheurs de Caroline du Sud ont donc suivi, durant 8 ans, l’effet de la progestérone sur les femmes qui essaient d’arrêter de fumer. Ce suivi a notamment révélé que l’utilisation d’un patch à la nicotine simultanément avec les augmentations naturelles des niveaux de progestérone permet une augmentation de 37% des taux de succès.
Une progestérone qui s’élève favorise l’abstinence
L’étude : L’équipe a suivi quotidiennement les niveaux d’hormones, par analyse de la salive, afin d’évaluer les fluctuations hormonales parallèlement aux fluctuations de tabagisme. Les chercheurs montrent en effet que les données salivaires suivent un schéma très similaire aux données sériques. L’analyse révèle que :
- lorsque le niveau de progestérone d’une femme augmente à partir d’un niveau faible, cette femme fume moins, sans même le savoir ou essayer de le faire ; mais cet effet hormonal sur le comportement tabagique finit par se stabiliser ;
- le succès de l’arrêt du tabac provient d’une augmentation faible à élevée, ce qui peut permettre de synchroniser la tentative d’arrêt d’une femme avec son cycle hormonal.
En identifiant quelles hormones affectent la dépendance au tabac et comment, en synchronisant la tentative d’arrêt autour d’une période où les femmes sont moins susceptibles de souffrir du sevrage, il devient donc possible de mettre toutes les chances de son côté : en pratique,
programmer le pic de sevrage de la nicotine pendant les 5 à 7 jours d’augmentation de la progestérone au cours du cycle hormonal.
Le rôle de la contraception orale : la contraception modifiant le cycle hormonal mensuel, il est important de prendre ce facteur en compte dans la programmation du sevrage. Une autre piste de recherche consisterait à utiliser la progestérone pour aider les hommes et les femmes à arrêter de fumer. En donnant une dose de progestérone au moment du sevrage, l’abstinence pourrait être plus facilement atteignable pour les personnes des deux sexes.
« L’effet de la progestérone sur le sevrage tabagique, ainsi que sur l’envie et même la réduction du nombre de cigarettes fumées par jour, est un facteur majeur. En exploitant ce facteur, nous pourrions améliorer l’engagement de nos patients ».
Source: Nicotine & Tobacco Research May, 2022 DOI: 10.1093/ntr/ntac121 Characterization of salivary progesterone in female smokers
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