Cet essai clinique, mené à l’University College London (UCL) et publié dans le New England Journal of Medicine (NEJM) ouvre l’espoir d’une nouvelle thérapie génique qui pourrait réduire le risque de saignement chez les patients hémophiles (hémophilie B). Une seule injection de thérapie génique pourrait réduire considérablement le risque de saignements auquel sont confrontées les personnes atteintes d'hémophilie B.
L’hémophilie est une maladie héréditaire liée au déficit d’un facteur de la coagulation (facteur VIII pour l’hémophilie A, facteur IX pour l’hémophilie B). Chez le patient hémophilique, le processus de coagulation est donc compromis et si le patient ne saigne pas plus, il saigne plus longtemps. Chez certains patients, des saignements récurrents dans les articulations peuvent également entraîner des lésions articulaires progressives et de l'arthrite. S’il n’existe pas de traitement définitif de la maladie, des traitements prophylactiques ou en cas d’accident hémorragiques, par injections par voie intraveineuse le facteur de la coagulation défaillant, permettent de prévenir ou de stopper l’hémorragie. Enfin, le gène responsable de la fabrication du facteur IX de coagulation étant situé sur le chromosome X, les formes sévères de l'hémophilie B sont beaucoup plus fréquentes chez les hommes.
Cette nouvelle thérapie génique par virus adéno-associé (AAV), appelée FLT180a
ouvre l’espoir pour les patients de pouvoir se passer des injections régulières et nécessaires de facteur de coagulation recombinant, qui permet de prévenir les saignements excessifs.
L'essai clinique B-AMAZE multicentrique de phase I/II, mené auprès de 10 patients diagnostiqués avec hémophilie B, confirme en effet qu’une injection unique de FLT180a entraîne une production soutenue du facteur de coagulation par le foie chez 9 patients sur 10. L'auteur principal, le professeur Pratima Chowdary de l’UCL Cancer Institute commente ces bons résultats : « Éliminer la nécessité pour les patients hémophiles de s'injecter régulièrement la protéine manquante est une étape importante dans l'amélioration de leur qualité de vie ».
La thérapie génique AAV fonctionne en utilisant l'enveloppe externe du virus, pour délivrer une copie fonctionnelle d'un gène directement aux tissus du patient afin de compenser celui qui ne fonctionne pas correctement. Les protéines synthétisées sont libérées dans le sang et une perfusion unique peut induire des effets durables. Les patients doivent néanmoins prendre des médicaments immunosuppresseurs pendant plusieurs semaines à plusieurs mois, pour empêcher leur système immunitaire de rejeter la thérapie. L’(essai montre que si le traitement a été généralement bien toléré, tous les patients ont présenté une certaine forme d'événements indésirables, avec un caillot sanguin anormal chez celui qui a reçu la dose de FLT180a la plus élevée et qui avait les niveaux les plus élevés de protéine de coagulation.
« La thérapie génique reste un domaine jeune mais prometteur pour les personnes atteintes de maladies génétiques graves. Ces premières données de l’essai B-AMAZE s'ajoutent au nombre croissant de preuves que la thérapie génique a le potentiel de libérer les patients de thérapies à vie ».
L’étude de suivi toujours en cours doit évaluer la durabilité de l’efficacité thérapeutique et surveiller la survenue d’éventuels effets secondaires à plus long terme.
Source: New England Journal of Medicine (NEJM) 21 July, 2022 DOI : 10.1056/NEJMoa2119913 Phase 1–2 Trial of AAVS3 Gene Therapy in Patients with Hemophilia B, 22:00 UK time / 17:00 US Eastern time and is under a strict embargo until this time.
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