Cette équipe de virologues du Rosalind Franklin Institute (Oxford) documente, dans la revue Science, la découverte d’un nouveau mécanisme d’infection du virus SRAS-CoV-2, associé au COVID-19 et, ce faisant apporte un nouvel indice sur la transmission à l’Homme : ces travaux décrivent ainsi comment la souche virale SARS-CoV-2 originale qui a émergé au début de 2020, a pu se verrouiller sur des sucres appelés acides sialiques, présents à la surface des cellules humaines- une capacité que les souches ultérieures n’ont, semble-t-il, pas conservée.
C’est une combinaison de technique par résonance magnétique et d’imagerie haute résolution extrêmement précise qui a permis d’identifier cette capacité unique de la souche originelle, et qui suggère que c’est par ce mécanisme que le virus s’est, à l’origine, transféré des animaux aux humains. Les variantes ultérieures, dont Delta et Omicron ne semblent pas avoir conservé cette capacité à saisir l’acide sialique. En effet, ces variants se lient via les récepteurs de leur protéine de pointe aux protéines ACE2 présentes à la surface des cellules humaines.
La lumière faite sur 2 mystères de la pandémie COVID
2 des mystères actuels de la pandémie sont les mécanismes de transmission virale et les origines du saut zoonotique, explique l’auteur principal, le Pr Ben Davis de l’Université d’Oxford. L’équipe a utilisé la résonance magnétique et des techniques d’imagerie complexes, dont la spectroscopie par résonance magnétique nucléaire, pour mener ces recherches. On savait déjà que certains virus de la grippe peuvent saisir l’acide sialique à la surface des cellules hôtes humaines, et ce même mécanisme avait également été observé dans le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS). La recherche révèle que :
- la souche virale qui a émergé au début de 2020 utilise ce mécanisme pour pénétrer dans les cellules humaines ;
- les dernières variantes ne semblent pas mettre en œuvre ce mécanisme.
Le « nouveau » mécanisme de liaison identifié prend racine à l’extrémité du domaine N-terminal, qui est une partie du virus qui évolue plus rapidement et qui avait déjà été impliqué dans la liaison de l’acide sialique. Les chercheurs émettent l’hypothèse que le virus a d’abord « eu besoin » de ce mécanisme pour son premier saut zoonotique chez l’Homme et que
le virus a ensuite « mis en réserve » cet outil jusqu’à ce qu’il soit à nouveau nécessaire.
Il apparait probable que ce mécanisme puisse, une fois le virus chez l’Homme, être un handicap pour sa transmission et sa réplication.
La découverte est en ligne avec des données génomiques italiennes, qui documentaient une corrélation entre la sévérité de la maladie COVID-19 et la génétique, les patients présentant une mutation génétique particulière –affectant justement le type d’acide sialique présent sur les cellules –restant sous-représentés dans les unités de soins intensifs (USI). Ces données avaient alors suggéré que le virus infecte plus facilement certains génotypes que d’autres.
Enfin, la technique développée par les chercheurs pourrait être partagée avec d’autres équipes pour l’étude d’autres structures virales et d’autres mécanismes infectieux.
Source: Science 23 June, 2022 DOI: 10.1126/science.abm3125 Pathogen-sugar interactions revealed by universal saturation transfer analysis
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