Cette étude à long terme menée par une équipe de la Bloomberg School de l’Université Johns Hopkins (Baltimore) révèle que le tabagisme double le risque de développer une insuffisance cardiaque et ce risque accru d’insuffisance cardiaque persiste des décennies après l’éventuel arrêt du tabac. Des données publiées dans le Journal of the American College of Cardiology, les premières à porter sur l’association du tabagisme à la fois avec les 2 sous-types d’insuffisance cardiaque : avec fraction d’éjection réduite et fraction d’éjection préservée.
L’insuffisance cardiaque est une maladie progressive dans laquelle le cœur perd sa capacité à pomper suffisamment de sang pour répondre aux besoins de l’organisme. C’est l’une des causes les plus courantes d’invalidité et de décès dans les pays riches. Outre le tabagisme, les facteurs de risque d’insuffisance cardiaque comprennent l’obésité, l’hypertension, le diabète, les maladies coronariennes et l’âge avancé.
Ainsi, les fumeurs développent deux fois plus souvent une insuffisance cardiaque et cette incidence élevée vaut pour les 2 sous-types majeurs d’insuffisance cardiaque.
« Le tabagisme jette une ombre sur la santé cardiaque »
2 types d’insuffisance cardiaque : avec fraction d’éjection réduite ou fraction d’éjection préservée.
- Dans l’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection réduite, le ventricule gauche – la pompe cardiaque principale – ne se contracte pas suffisamment lors du pompage du sang vers l’extérieur. L’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection réduite est plus étroitement liée à la maladie coronarienne. Le traitement comprend plusieurs médicaments qui permettent d’améliorer son pronostic.
- Dans l’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection préservée, le ventricule gauche ne parvient pas à se détendre suffisamment après s’être contracté. Le traitement de l’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection préservée est très limité, ce qui rend sa prévention cruciale. Dans le même temps, ses facteurs de risque sont moins clairs. De précédentes études antérieures ont établi un lien entre le tabagisme et un risque plus élevé de fraction d’éjection préservée.
L’étude a analysé les dossiers de 9.335 participants à la cohorte ARIC (Atherosclerosis Risk In Communities). Lancée en 1987, ARIC comprend des adultes d’âge moyen et plus âgés, âgés de 61 à 81 ans et exempts de diagnostic d’insuffisance cardiaque en 2005.
- Sur un suivi médian de 13 ans, 1.215 cas d’insuffisance cardiaque ont été recensés, dont 492 cas de fraction d’éjection réduite et 555 cas de fraction d’éjection préservée ;
- les fumeurs ont été diagnostiqués avec les 2 sous-types d’insuffisance cardiaque avec une incidence 2,28 fois plus élevée pour la fraction d’éjection préservée et 2,16 fois plus élevée pour la fraction d’éjection réduite ;
- le lien avec le tabagisme montre une relation « dose-réponse » ;
- arrêter de fumer permet une baisse du risque d’insuffisance cardiaque mais pas au même !e niveau que chez les jamais fumeurs : les anciens fumeurs restent en moyenne 31 % et 36 % plus susceptibles d’avoir une fraction d’éjection préservée et une fraction d’éjection réduite, respectivement, par rapport aux non-fumeurs.
Les anciens fumeurs conservent un risque significativement accru pour l’un ou l’autre type d’insuffisance cardiaque durant près de 30 ans, précise l’auteur principal de l’étude, le Dr Kunihiro Matsushita, professeur agrégé au département d’épidémiologie de la Bloomberg School. « Nous espérons que ces résultats apporteront aux fumeurs actuels une nouvelle motivation pour arrêter le plus tôt possible ».
« Une ombre sur la santé cardiaque », conclut l’auteur principal.
Source: Journal of the American College of Cardiology 6 June, 2022 DOI: 10.1016/j.jacc.2022.03.377 Cigarette Smoking, Cessation, and Risk of Heart Failure With Preserved and Reduced Ejection Fraction
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