L’équipe de l’Université de Californie – Santa Barbara examine ici le rôle possible des régimes alimentaires à faible teneur en glucides et en sucre dans la prévention de la polykystose rénale (PDK). L'étude clinique, publiée dans le Clinical Kidney Journal, suggère l’intérêt et confirme la sécurité des régimes cétogènes et du jeûne intermittent chez les patients atteints de PKD, avec pour résultat, une réduction drastique des kystes rénaux.
La polykystose rénale est caractérisée par des kystes douloureux et remplis de liquide dans les reins. La maladie affecte des millions de personnes dans le monde, altérant la fonction des organes et nécessitant souvent une dialyse dans les derniers stades.
L’équipe du DrThomas Weimbs est partie de données issues d’études menées, il y a plusieurs années, sur la souris modèle de PKD qui montraient après un régime cétogène, une grande amélioration de leur maladie rénale. Par la suite, l'équipe était parvenue à identifier le mécanisme de cet effet relatif à la cétose. Les animaux de laboratoire mis en état de cétose par régimes cétogènes avaient tous présenté la même amélioration : une réduction drastique des kystes rénaux.
Enfin, les régimes cétogènes sont populaires ces dernières années, en population générale. Plus largement désignés sous le nom de « régime kéto » ou de « jeûne intermittent », ces régimes déclenchent une réponse de jeûne en limitant les glucides et les sucres – les sources d'énergie de base du corps. En conséquence, le corps se tourne vers les graisses pour obtenir de l'énergie, les décomposant en cétones et en acides gras, remplaçant le glucose (qui joue un rôle important dans le développement des kystes rénaux).
Résultat : une réduction drastique des kystes rénaux
Cette découverte, médiatisée, des bénéfices de ces régimes, avait alors eu un impact énorme et de nombreux patients atteints de PKD avaient alors commencé à suivre des régimes cétogènes, dans l’objectif de ralentir la progression de leur maladie.
L’étude a donc suivi une cohorte de 131 patients atteints de PKD autosomique dominante (la forme la plus courante) invités à suivre des interventions diététiques cétogènes pendant 6 mois en moyenne. L’objectif était de préciser la façon dont les régimes cétogènes et à durée limitée peuvent être utilisés pour gérer la maladie. Le suivi montre que :
- de telles interventions diététiques cétogènes sont réalisables, sûres et bénéfiques pour les patients atteints de PKD autosomique dominante ;
- 86 % des participants ont connu une amélioration de leur état de santé général ;
- 67 % ont décrit une amélioration des symptômes liés à la PKD,
- 64 % de leur tension artérielle ;
- 90% ont bénéficié d’une perte de poids significative ;
- 92% ont jugé l’intervention réalisables,
- cependant 53% ont fini par abandonné ce régime alimentaire…
- 66% ont signalé des effets indésirables liés aux régimes dont la sensation de faim et la fatigue, des effets qui sont également décrits comme apaisés avec le temps ;
- 14 % ont connu une augmentation du taux de cholestérol, mais temporaire, et, il a été démontré que les réserves de graisse dans le corps se normalisaient à nouveau avec le temps.
- D'autres problèmes ont été signalés, notamment les calculs rénaux (1 participant) et l'augmentation de la créatinine sérique (2 participants) – qui font également partie du processus de la maladie PKD.
Cependant, les chercheurs concluent sur une bonne sécurité globale : « La sécurité est un résultat important : ces régimes induisent la cétose- et non l’acidocétose, qui est en fait une complication du diabète ».
L'objectif est maintenant de lancer un essai plus vaste qui devrait confirmer ces effets globalement bénéfiques de telles interventions contre la PKD.
Source: Clinical Kidney Journal June 2022 DOI: 10.1093/ckj/sfac103 Can ketogenic dietary interventions slow disease progression in ADPKD: what we know and what we don't
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